Gare à vos emails ! Après Goldman, les agences de notation mises à l'amende
On les avait presque oubliées. Au cceur des critiques au début de la crise, les agences de notations avaient courbé l'échine, fait profil bas, restructuré leurs équipes, en attendant que la tempête passe.
Alors que la reprise pointe son nez, elles enregistrent des résultats en forte hausse, à l'instar de Moody's qui profitent du retour des émissions de dette (Les Echos).
Mais les critiques reviennent en boomerang, avec la publication d'un rapport du sénat américain chargé de mesurer la responsabilité des agences de notation dans la crise, à nouveau accusées de conflits d'intérêts dans la notation des CDO et autres RMBS (AFP).
"Nous avons vendu notre âme au diable"
Après le triste exemple du désormais célèbre "fabuleux Fab", ce sont à nouveaux des emails embarrassants qui ont parlé. Un directeur chez Moody's admettait ainsi que la manière dont il accordait des notations triple A sur des crédits immobiliers le rendait soit incompétent en matière d'analyse de crédit, soit nous avons vendu notre âme au diable pour de l'argent (FT).
Un courriel d'août 2004 chez Standard and Poor's en dit également long sur les pratiques des agences : La méthodologie sur les CDO provoque des réactions. Nous allons avoir une réunion avec votre groupe cette semaine pour discuter d'un ajustement des critères d'évaluation des CDO sur l'immobilier à cause du risque permanent de perdre des contrats. Perdre des contrats sur les CDO cela veut dire perdre des activités de cceur de métier. C'est un cercle vicieux .
Cette pléthore d'emails rappelle, s'il était nécessaire, que les analystes, loin d'être indépendants, travaillent sous la pression des commerciaux. Depuis ces nouvelles révélations, les attaques contre un système corrompu et d'un shadow banking se multiplient.
Pendant ce temps, les enquêteurs de la SEC regardaient des pornos !
Les langues des anciens se délient : La vaste majorité des analystes chez Moody's sont des personnes honnêtes qui travaillent dur. Néanmoins, les incitations pour obtenir les faveurs des agences ont toujours été telles qu'elles favorisent les profits sur le court terme au détriment de la qualité , admet Eric Kolchinsky, un ancien directeur chez Moody's, devenu professeur (New York Times).
D'ailleurs, personne n'est à l'abri du feu des critiques, pas même les enquêteurs de la vénérable SEC (Security and Exchange Commission). Selon CNN, 33 employés de la vénérable SEC auraient passé des heures à regarder des films pornos sur leur ordinateur professionnel alors que la crise financière se déployait en toile de fond.