Dernier coup d'ceil attristé sur les résultats des banques américaines
Le bal des derniers résultats trimestriels des grandes banques américaines est terminé. Nous vous en restituons les grandes lignes. Pour faire court, la fin 2010 est marquée par des résultats en souffrance, surtout du côté des marchés. Cela avait pourtant plutôt bien débuté avec JPMorgan qui finit l'année en beauté. Le tout, pas très digeste, s'est clôturé lamentablement avec des pertes persistantes chez Bank of America.
JPMorgan : Tout avait bien commencé...
La banque new-yorkaise a dégagé un bénéfice net de 4,8 milliards de dollars sur les trois derniers mois de 2010, en croissance de 47% sur un an. En comparaison avec ses rivales américaines, JPMorgan signe un exceptionnel dernier trimestre, particulièrement sur les métiers de fixed income : là où JPMorgan amorti une baisse de 12% de ses revenus par rapport au précédent trimestre (chiffre après impôts et tenant compte de la valeur de sa dette), Citigroup accuse un déclin de 32% et Goldman de 40%.
Malgré cela, la banque n'aurait pas été très encline à payer ses professionnels du fixed income, selon certains chasseurs londoniens.
L'activité de gestion d'actifs, qui a recruté 500 personnes en front-office l'an passé dont 40% en dehors des Etats-Unis, y trouvera peut-être son compte. Le pôle asset management de JPMorgan a dégagé au quatrième trimestre 2010 un bénéfice net de 507 millions de dollars, soit une hausse de 20% par rapport au trimestre correspondant de 2009.
Enfin, si recrutement il y a début 2011, il ne faudra pas compter sur un fort développement dans la region EMEA, où les revenus ont baissé de 25% contre une hausse record de 14% en Asie l'an passé.
Citigroup : amélioration, mais peut mieux faire
La vraie bonne nouvelle : Citigroup a annoncé avoir retrouvé sa rentabilité en 2010 avec un bénéfice de 10,6 milliards de dollars, contre une perte en 2009. En revanche, si toutes les banques ont pâti d'un ralentissement de l'activité obligataire, certaines l'ont bien moins géré que d'autres. C'est notamment le cas de Citi dont les revenus des métiers de taux ont chuté de 58% par rapport au troisième trimestre quand ceux de JP Morgan Chase ont limité leur recul à 8%.
Sur l'ensemble du groupe, les coûts sont en hausse de 8% sur le seul dernier trimestre, beaucoup plus que ce qu'anticipaient les analystes. Cette alourdissement des charges semble imputable à beaucoup de choses (affaires juridiques, coûts de restructuration...) sauf à une hausse des rémunérations.
Pour la parenthèse, on a appris ce weekend que le directeur général de la banque américaine Citigroup, Vikram Pandit, qui depuis 2009 ne se faisait rémunérer qu'un dollar par an, allait toucher désormais un salaire annuel de 1,75 million de dollars (AFP).
Il ne faut pas non plus s'attendre à une stratégie très offensive côté recrutement, notamment en Europe, où la banque a pourtant vu ses effectifs baisser de 14% entre 2007 et 2009.
Goldman Sachs, touché mais loin d'être coulé
La firme a annoncé un bénéfice en recul de 37% en 2010 et de 53% sur le seul quatrième trimestre, reflétant les mauvais résultats sur les activités de marchés, en particulier sur l'activité obligataire. Ajouter à cela de nombreuses embauches réalisées l'an passé (3.200 dans le monde), le bénéfice net par salarié s'inscrit logiquement en baisse (216k dollars contre 375k en 2009).
Cependant, la banque, qui en dix ans a augmenté ses effectifs de près de 60% en embauchant 13.000 personnes, ne prévoit pas de coupes dans les effectifs. Quant aux rémunérations de ses employés, elles sont à peine rognées. À 15,38 milliards de dollars en 2010, la baisse est limitée à 5% sur un an.
Goldman mise plutôt sur une hausse rapide de ses revenus. Les analystes ont des raisons de la croire. Avec plus de 8 milliards de dollars de profits, en baisse de 40%, sur une chiffre d'affaire de près de 40 milliards, elle reste l'une des banque les plus profitables du monde , rappelle cependant Philippe Escande dans Les Echos.
Morgan Stanley : la BFI n'est plus la star
Morgan Stanley ne fait pas franchement mieux que ses consceurs sur le trading, puisqu'ici comme ailleurs, les revenus enregistrent une sévère baisse, soit -27% sur un an, à 854 millions d'euros. Les bonnes performances en banque d'affaires compensent ces aléas et permettent à la BFI de poster 3,6 milliard d'euros, soit +12% en un an.
Surtout Morgan Stanley est beaucoup moins dépendante de sa BFI qui contribue à moins de la moitié de ses revenus, contre plus de 80% chez Goldman Sachs (L'Agefi). Les bonnes performances de la gestion d'actifs et de fortune lui permettent ainsi d'enregistrer un bénéfice trimestriel en hausse de 60% à 600 millions de dollars.
Ce rééquilibrage n'est pas anodin puisqu'il a évidement des répercussions sur la distribution de la rémunération en interne. Le compensation ratio avait atteint un pic à 62% des revenus en 2009, il chute en 2010 à 51% sur l'ensemble de la banque. Dans la BFI, il n'atteint plus que 42%.
Début décembre, James Gorman avait prévenu que les bonus seraient en moyenne en baisse de 10 à 30% (business week).
Pire, la banque se montre particulièrement zélée sur le sujet des bonus différéscompte tenu du fait qu'elle n'a pas à se plier à la nouvelle réglementation européenne. Elle assure en effet que seront différés 60% de ses bonus, toutes régions confondues.
Bank of America, dernier de la classe
Alors que ses principales concurrentes ont toutes présenté des bénéfices substantiels, Bank of America a publié un résultat net négatif de 3,6 milliards de dollars au titre de l'année 2010 en raison de lourdes dépréciations d'actifs, à hauteur de 12,4 milliards. Parallèlement, le bénéfice net de la division global banking and markets accuse en 2010 une baisse de 37% par rapport à 2009.
Au quatrième trimestre, les coûts liés à la gestion du personnel sont en légère hausse. Hausse des rémunérations ? Que nenni. Ils reflètent plutôt des dépenses en hausse accordées dans le cadres des indemnités de départ alors que le contrôle des coûts s'accentue , explique la banque, qui avait annoncé la suppression de 400 emplois en septembre dernier.
Le pire est peut-être encore à venir pour les troupes de BofA Merrill Lynch, en particulier ceux dont une part importante du bonus est bloquée en actions. Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, a confirmé le 13 janvier que la banque sera bel et bien la prochaine cible des fuites d'informations, prévenant au passage que ce sera comparable au scandale d'Enron .