ÉDITO : Le FMI ou l'art des Français d'exporter leurs talents
Ça y est, Christine Lagarde s'est jetée à l'eau. Elle est donc officiellement candidate à la succession de DSK à la tête du FMI. Le suspense a duré plus d'une semaine. Histoire de recueillir des soutiens et de se faire un peu désirer... Une tactique qui s'est révélée efficace. Elle dispose du soutien des pays européens Sa candidature séduirait également les Chinois et même les Américains. Bref, elle jouit d'une réelle présomption de victoire.
Il se trouve que la candidate est presque parfaite, si l'on exclut les possibles retentissements de l'affaire Tapie. Ce ne sont pas les Français qui le disent mais les médias étrangers : Sérieuse et travailleuse, mais aussi chic, l'ancienne championne de nage synchronisée, âgée de 55 ans, a reçu de nombreuses éloges en France et à l'étranger pour sa gestion de la crise économique, elle parle un Anglais sans faute, et a passé une grande partie de sa carrière d'avocate aux Etats-Unis , décrivait la semaine passée le quotidien britannique The Daily Telegraph.
Son interview sur CNN sous forme d'entretien de motivation parle d'elle-même.
Une Française à la tête de la FMI : y a-t-il véritablement matière à s'étonner ?
Après tout, la direction de l'institution n'est pas seulement la chasse est gardée des Européens, elle fait quasiment figure de pré carré français. Depuis sa création par les accords de Bretton Woods au sortir de la guerre, le FMI a connu 10 directeurs généraux dont quatre ont été des Français : Pierre-Paul Schweitzer (1963 - 73) ; Jacques de Larosière (1978 - 87) ; Michel Camdessus (1987 - 2000) et Dominique Strauss-Kahn (2007 - 2011). Dit autrement, les Français ont eu la main sur l'institution pendant 35 ans sur 65 ans d'existence. Pas mal pour une puissance économique moyenne, en déclin.
Si Lagarde était élue (ce qui n'est pas acquis), la France prouverait une nouvelle fois son étonnante capacité à exporter ses talents. Ce je-ne-sais-quoi qui relève de l'art de la manceuvre politique et du compromis, doublé de formations de qualité, et qui permet aux Français de continuer à briller dans les institutions internationales alors que nos voisins allemands ou britanniques s'y font plutôt discrets.
Rappelons qu'en plus de DSK, ex-directeur du FMI, on compte Jean-Claude Trichet à la présidence de la BCE ; Pascal Lamy à la direction de l'OMC ou encore Michel Barnier, Commissaire européen au Marché intérieur et aux Services.
En matière d'exportation des talents, le secteur financier français, s'y connaît. À titre d'exemple, un tiers des gérants de hedge funds à Londres sont Français, selon l'association française de gestion. Exporter nos talents, c'est formidable. Quid de l'importation de talents étrangers en France et du retour de nos brillants professionnels exilés ?