Un demi-milliard de bonus versé chez BNP Paribas (et autres détails sur les rémunérations)
BNP Paribas vient de publier les informations relatives au paiement de ses collaborateurs « régulés », autrement dit les 3.252 professionnels dont les activités ont une incidence significative sur le profil de risque de l’entreprise. La quasi-totalité d’entre eux (98%) travaillent dans la banque de financement et d’investissement.
Voici les principaux points que l'on a retenu de ce document :
1 – Une hausse des bonus qui reflète la hausse des résultats de CIB en 2012
Les salariés de BNP Paribas CIB auront peut-être été déçus. L’enveloppe globale des bonus au titre de 2012 - 532 millions d'euros - a été en hausse de seulement 14% malgré la nette reprise des résultats l’an passé. Les activités de Conseil et Marchés de Capitaux ont en effet vu leur résultat brut d’exploitation progresser de 24,8% en 2012 par rapport à 2011, et leur résultat d’exploitation de 18,2%. Voilà en substance ce qu’indique le document de BNP Paribas.
Cependant, si l’on rapporte la hausse des bonus à l’évolution du nombre de collaborateurs concernés, la hausse des bonus moyen par banquier est plus forte, de l’ordre de 22% par rapport à l’an passé.
2 – Des bonus en berne par rapport à 2010
Il n’empêche, les bonus sont loin de retrouver les niveaux de 2010. Le montant de l’enveloppe reste « très nettement inférieur par rapport à celui de 2010 (- 45%) », souligne le document. L’évolution du bonus moyen par banquier au cours de cette période est similaire (-42%), soit 167k euros au titre de 2012 contre 289k euros au titre de 2010.
3 – Les bonus quasiment au même niveau que les rémunérations fixes
BNP Paribas n’est pas loin de respecter la future réglementation européenne sur les bonus CRD4, limitant ce dernier à 100% du fixe à partir de 2014. Du moins s’i l'on en croit les chiffres donnés dans le document de BNPP : la rémunération moyenne fixe au titre de 2012 des professionnels de CIB atteint 159k euros alors que le bonus moyen s’établit à 167k euros.
Ces chiffres marquent un vrai changement de culture par rapport à la politique pratiquée il y a encore deux ans, où le bonus des banquiers CIB représentait deux fois le montant moyen de leur salaire fixe.
Néanmoins, la hausse des fixes attendue à l’approche de la directive européenne CRD4 n’a pas encore eu lieu. Le bonus moyen par banquier a en effet augmenté davantage cette année que le salaire fixe (+22% pour les bonus en un an contre +13% pour les fixes).
4 - Les dirigeants se « serrent » la ceinture, en apparence
Les dirigeants de la rue d'Antin font profil bas cette année, puisque la rémunération moyenne (fixe + bonus) des 4 membres de l’exécutif (Jean-Laurent Bonnafé, Directeur général, et ses trois Directeurs généraux délégués) n’a pas augmenté – à 1,7 million d’euros en moyenne tout de même. Seul hic : ils sont désormais 4 directeurs généraux au sein de l’organe exécutif contre 3 auparavant, ce qui a forcément fait monter le coût global consacré à leur rémunération, de 5,1 millions pour 2011 à 6,8 millions d’euros pour 2012.
En outre, si la rémunération moyenne (fixe + bonus) des membres de l’organe exécutif a baissé de 19% en moyenne depuis 2010, celle des professionnels de CIB s’est davantage réduite, soit -24,5% en deux ans pour atteindre 325K euros en moyenne par collaborateur en 2013. Un chiffre qui masque cependant de grandes disparités au sein des équipes CIB.
5 – Un peu plus de cash, un peu moins de différés…
Pour la première fois en trois ans, le montant des paiements en numéraire distribués au titre de 2012 (312 millions) dépasse celui des paiements en actions ou instruments équivalents (247 millions).
De la même façon, on relève que les montants différés sont relativement moins importants cette année que les deux précédentes années par rapport aux montants versés ou d'ores et déjà acquis par les banquiers. Les différés atteignent seulement deux fois les montants versés upfront alors que ces deux dernières années le rapport était plutôt de 2,6 environ. Rien ne change sur l’étalement des différés : les versements sont répartis sur 7 échéances, entre septembre 2013 et septembre 2016.