Le « gap year », une formule plébiscitée par les étudiants français en finance
Surtout en vogue chez les étudiants des pays anglo-saxons, les « gap year », plus connus en France sous l’appellation d’année de césure et qui consistent pour les étudiants à faire une pause pendant leurs études, sont-ils en train de débarquer en France ? Tout porte à le croire. « Au Magistère Banque Finance Assurance, depuis 2011, la quasi-totalité des étudiants réalise une année de césure. La promotion actuellement en fin de Master 1 part en totalité en année de césure », nous confirme Louis Bidou-Messein, président de l’association Magistère BFA-Dauphine. Dans les autres formations en finance dispensées par la célèbre université parisienne, il sont 70% à opter pour l’année de césure (environ 70% des étudiants en Master 1 Finance). Idem dans d’autres écoles comme HEC Paris où la plupart des étudiants effectuent une année de césure en entreprise entre la première et la deuxième année du cycle master.
Si la formule est très prisée des étudiants, c’est parce qu’elle leur permet d’acquérir une expérience significative en finance avant l’entrée sur le marché du travail. En outre, le « gap year » permet d’éclairer les indécis sur leur futur choix de carrière. « La formation du Magistère permet aux étudiants de se spécialiser en Master 2 en finance de marché ou en finance d’entreprise. Ainsi, en arrivant en césure, les étudiants ne sont pas encore spécialisés. Certains optent donc pour un stage long en finance d’entreprise et un stage long en finance de marché. Cela leur permet de faire un choix de spécialisation éclairé une fois arrivés en Master 2 », poursuit Louis Bidou-Messein. Par ailleurs, pour tous les étudiants qui souhaitent postuler aux summer interships dans des grandes banques, une expérience significative est souvent exigée. « L’année de césure permet aux étudiants de se constituer ce profil recherché par les grandes banques. D’autres étudiants en profitent pour partir faire un stage à l’étranger », constate-t-il.
Un break pendant ou après les études
« Une expérience internationale est devenue tout à fait indispensable dans un cursus de jeune diplômé. L’idéal est de partir en échange académique et de poursuivre par un stage, confirme Manuelle Malot, directeur Carrières et Prospective de l’EDHEC Business School et auteur d’un Guide du recrutement international à destination des jeunes diplômés qui postulent aux graduate programmes. Si vous souhaitez débuter en France mieux vaut faire l’expérience à l’étranger pendant tout ou partie de votre année de césure pour augmenter les chances de voir votre stage de fin d’études en France transformé directement en premier emploi »,
Enfin, certains optent pour un « gap year » (qui soit dit-en passant ne dure pas nécessairement un an mais parfois moins) au sortir de leurs études. C’est surtout l’occasion de retarder leur arrivée sur un marché de l’emploi jugé trop difficile d’accès et préférer attendre une embellie plutôt que de prendre le risque d’accepter le premier job venu. C’est aussi augmenter leur employabilité future grâce à une expérience supplémentaire que leurs stages ne leur ont pas forcément permis d’acquérir. Ou bien tout simplement l’envie de recharger les batteries après de dures années d’études ponctuées de longs stages et aborder ainsi les prochains entretiens en pleine forme et avec davantage de sérénité !
Assumez votre choix… et valorisez votre expérience
Sauf que tous les employeurs ne l’entendent pas forcément tous de cette oreille ! Lorsque sur un CV figure la mention « année de césure », le risque est grand que le futur employeur traduise cela par ‘vous avez voulu vous reposer et prendre du bon temps’. Ne tentez pas de dissimuler ce break, même s’il intervient en tout début de carrière. « Que vous ayez souhaité ‘couper’ après de longues études, rejoindre une organisation humanitaire ou autre, assumez votre choix et expliquez-le. Il faut avant tout jouer la carte de la transparence sur le contenu de cette expérience », conseille Julien Barrois, directeur exécutif des divisions Comptabilité & Finance, Audit, Conseil & Expertise au sein de Page Personnel.
Vous avez fait le choix de voyager ? « Mettez en avant votre ouverture d’esprit, la découverte de nouvelles cultures (notamment des cultures d’entreprise, si vous avez pu travailler), votre maîtrise d’une ou plusieurs langues, votre faculté à vous adapter et votre autonomie, relève Julien Barrois. Vous aussi de vous montrer convaincant sur le fait que cette expérience est derrière vous et que c’est votre projet professionnel qui prime aujourd’hui : ainsi le recruteur ne vous imaginera pas sauter dans un avion à la première occasion… ».
Surtout qu’en France, les lignes sont en train de bouger doucement mais sûrement. Pour preuve, le Syntec conseil en recrutement et le laboratoire d’idées Odyssée prônent depuis début 2013 l’instauration d’un CV citoyen qui prendrait mieux en compte les engagements associatifs, humanitaires et extra-professionnels des candidats. « L’idée est qu’un candidat peut valoriser des compétences développées en dehors de la sphère professionnelle », conclut Jean-Paul Brette, président du syndicat professionnel et directeur général de Hudson France en charge des secteurs Banque-Finance-Assurance.