A priori deux raisons seulement peuvent faire que vous vous accrochez indéfectiblement à un job pourri : 1) vous avez besoin d'argent ; 2) vous ne trouvez rien d'autre…
Toutefois, si vous êtes tombé dans le piège du job par défaut qui paye les factures et auquel vous n'avez pas trouvé d'alternatives… alors tout n'est pas perdu, relevez la tête et lisez cela : il existe d'excellentes raisons de s'accrocher à un job, et elles n'ont rien à voir avec le fait d'être piégé. Minimisant le côté désagréable de la situation, certains spécialistes carrière expliquent que, oui, vous pouvez garder un job exécrable quand :
Karin Peeters, coach professionnelle et privée à Londres, explique qu'il est insensé de quitter un emploi avant d’avoir réalisé ce qui vous avait été demandé. « Vous devez pouvoir quitter un poste la tête haute. Ne partez pas sur un échec ou par désespoir – sinon, dans quelques années, vous éprouverez encore des remords et de la colère avec l'impression que l'on vous aura forcé à partir… Regarder en arrière ne doit pas vous poser de problème mais, au contraire, vous conforter dans vos choix. »
Si vous démissionnez régulièrement des postes que vous n'aimez pas, stoppez cela tout de suite… « Vous suivez une mauvaise habitude, prévient Peeters. Vous pouvez prétendre que vous vous retrouvez systématiquement en face de managers invivables, ou que vos collègues sont jaloux de vous, ou encore que vous ne vous sentez pas à la hauteur du poste. Non, au lieu de quitter votre poste à chaque fois, vous devez régler les problèmes sous-jacents, ajoute-t-elle. Autrement, vous revivrez cette même scène à l'infini. »
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Professeure à l'université de Pennsylvanie, Angela Duckworth a fait des recherches sur les aspects non cognitifs indicateurs de succès et a dégagé une théorie de la ténacité (grit) comme élément incontestable de réussite. Elle explique que cette théorie repose sur « la persévérance et la passion pour des objectifs à long terme ».
« Les individus les plus tenaces travaillent avec acharnement, relèvent des défis, tiennent la cadence et gardent la foi malgré les échecs et l'adversité, et franchissent progressivement des paliers. Ils abordent la réussite comme un marathon ; leur atout principal est l'endurance », explique Duckworth au Journal of Personality and Social Psychology. « Lorsque déception et ennui gagnent certains, et qu'ils préfèrent alors changer de trajectoire et arrêter les frais, les tenaces, eux, restent dans la course ! » En d'autres termes, ils ne quittent pas un poste simplement parce qu'il ne leur convient plus.
Blaire Palmer, directrice générale du cabinet de conseil en leadership That People Thing, affirme qu'il est louable de s'accrocher à un job peu constructif si on a les moyens de le faire évoluer. « Vous devez améliorer la production de votre entreprise ou du moins y apporter des solutions concrètes ?, dit-elle. Si vous êtes convaincu d'être en mesure d'insuffler ce changement, alors restez ! »
Un poste peut sembler contraignant simplement parce que vous êtes en phase de test et d'apprentissage, explique Palmer. « Vous êtes peut-être malheureux parce que vous avez beaucoup de choses à apprendre. Engranger de nouvelles informations et se trouver en phase d'apprentissage peut être vraiment difficile. Néanmoins, il est possible d'en apprendre énormément en peu de temps : ce qu’il ne faut pas faire en matière de management, d’organisation d’un service, d’une réunion… souvenez-vous de tout cela ! »
En temps normal, Linda Jackson, consultante carrière chez 10Eighty, vous dirait qu'il est bien légitime de quitter un emploi que vous détestez, car « la vie est trop courte… ».
Néanmoins, parfois, il est plus judicieux de s'y accrocher. « Si ce job représente une étape clé de votre carrière et qu'il vous apporte des compétences indispensables pour rejoindre le poste de vos rêves, alors restez le temps nécessaire », conseille-t-elle.
La plupart des personnes qui quittent un job le font car elles ne s'entendent pas avec leur boss. Mais si, vous, vous avez des affinités avec votre supérieur, alors la situation est différente car sans doute plus motivante et propice au changement, affirme Jackson. « Si votre manager est génial mais que votre poste est plutôt ennuyeux, vous êtes en mesure de renverser la tendance en étant force de propositions auprès de lui », suggère-t-elle.
« Les salariés qui gardent un job malgré de nombreux points négatifs le font, la plupart du temps, quand ils se sentent redevables du supérieur qui les a recrutés », explique Lorenza Clifford, directrice de Coachange, une société de coaching pour cadres supérieurs. Il n'y a rien de mal à rester loyal, mais n'hésitez pas néanmoins à tirer profit de cette relation privilégiée pour rendre votre poste plus épanouissant.
Enfin, aussi insupportable que puisse être votre job, le quitter trop vite n'est pas conseillé si votre CV – pour des raisons plus ou moins objectives – laisse déjà penser que vous n'êtes pas persévérant. « Si vous avez changé de poste tous les 18 mois, et ce pour à chaque fois prendre un poste que vous n'aimez pas, alors arrêtez ça jusqu'à ce que votre CV inspire stabilité et sérieux », conseille Jackson.
Au contraire, si le reste de votre CV prouve votre engagement et une solide expérience, Jackson vous encouragera vivement à quitter un emploi décevant et déprimant.
Finalement, il n'y a pas vraiment de règles, explique-t-elle, « cela dépend de votre degré de dégoût pour le job. Demandez-vous, in fine, l’impact que ce job a sur votre moral. S'il devient stressant au point de vous en rendre malade, partez dès que possible ! »
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