Les professionnels des marchés de capitaux impactés par le Brexit ?
Les professionnels de l’Equity Capital Market (ECM) qui couvrent les besoins en financement en fonds propres des entreprises via le marché (IPO, augmentation de capital, émission d’obligations convertibles) ont-ils été impactés par le Brexit ? Tout porte à la croire selon la dernière édition de l’étude IPO Watch de PwC.
Cette dernière montre que les introductions en bourse européennes ne devraient pas dépasser les 25 milliards d’euros d’ici la fin de l’année 2016 (soit moins de la moitié des 57,4 milliards levés en 2015). « Cette baisse fait suite au vote des Britanniques en faveur d’une sortie de l’UE. Une reprise de l’activité est toutefois attendue au cours du second semestre 2016 si la conjoncture s’améliore », notent les auteurs de l'étude.
Au premier trimestre, les introductions en bourse ont atteint un montant total de 14,4 milliards d’euros, soit moins de la moitié des fonds levés au cours des deux derniers records de 2014 et 2015. L’activité a toutefois triplé entre le premier et le deuxième trimestre 2016, même si le référendum britannique a pesé sur les volumes dans toutes les places boursières européennes. Au total, 95 IPO européennes ont permis de lever 10,9 milliards d’euros au cours du trimestre écoulé (contre 50 IPO et 3,5 milliards d’euros au premier trimestre 2016).
Activité des IPO européennes au premier semestre depuis 2007
L'attentisme prévaut
Si Londres a été particulièrement touchée, avec un recul de 75% du montant de ses IPO à 1,2 milliard d’euros (0,9 milliard de livres sterling), le reste de l’Europe s’en sort mieux, avec une baisse de 6% seulement, à 9,7 milliards d’’euros de fonds levés.
Quant à la place parisienne, après un premier trimestre inactif (une seule IPO), elle a enregistré 8 IPO au cours du premier semestre 2016, dont 7 au cours du seul second trimestre, pour un montant total de fonds levés s'élevant à 686 millions d'euros. On est pourtant loin des niveaux d’activité de l’année dernière, avec 10 IPO pour un montant total de près de 2 milliards d’euros.
Il faut dire qu'un certain attentisme semble prévaloir. « Entreprises, investisseurs et banquiers sont encore tous occupés à évaluer les conséquences du Brexit sur l’économie britannique, et plus largement sur l’économie européenne dans son ensemble », explique Philippe Kubisa, associé spécialiste des marchés de capitaux chez PwC.
« Les services financiers sont le secteur le plus touché, avec un impact plus large sur les entreprises domestiques. Au cours des prochains trimestres, il ne serait pas étonnant de voir les investisseurs privilégier les candidats jouissant d’un rayonnement international et/ou générant des rendements stables », poursuit-il. Car malgré des conditions de marché difficiles, les recrutements se poursuivent...
Plus de peur que de mal
Les observateurs redoutaient que le référendum du Royaume-Uni sur la sortie de l’UE n’entraîne une série d’annulations ou de reports d’IPO. Dans les faits, ces annulations ou reports annoncés sont restés à un niveau comparable à celui des précédents trimestres : 11 IPO annoncées n’ont pas vu le jour ce trimestre, soit 13% de l’ensemble des opérations, contre une moyenne trimestrielle de 12 IPO annulées ou reportées, soit 12%, depuis 2014).
« Plusieurs transactions ont été repoussées après le résultat du référendum, du fait des incertitudes planant sur le marché. Reste que la majorité des entreprises candidates à une IPO au second semestre 2016 ont maintenu leurs plans. Le retour à la stabilité politique et une plus grande transparence sur l’avancée des négociations entre Londres et Bruxelles seront essentiels pour que l’activité des IPO reprenne après le creux traditionnel de l’été », relève Philippe Kubisa.
Et de conclure : « Si c’est le cas, la réussite des premières introductions en bourse arrivant sur le marché à la rentrée sera décisive pour le reste de l’année. Même si l’on ne s’attend pas à une activité au point mort, il est peu probable que les IPO européennes parviennent à dépasser le seuil des 25 milliards d’euros en 2016 ». PwC prévoit que les candidats à une IPO reviendront progressivement vers le marché entre la fin de l’année 2016 et le début de l’année 2017, à condition toutefois que les investisseurs regagnent confiance et que les incertitudes se dissipent.
Crédits Photo : THOMAS SAMSON