Robo-Advisors : menace ou opportunité pour les gestionnaires d'actifs et de patrimoine ?
Le pôle de compétitivité Finance Innovation et la firme de conseil internationale dédiée aux services financiers Chappuis Halder & Co. ont publié cet été une étude de 45 pages téléchargeable gratuitement et intitulée Robo-Advisors : une nouvelle réalité dans la gestion d’actifs et de patrimoine. « Nous souhaitons, à travers cette étude, offrir aux acteurs de la gestion de patrimoine et d’actifs une vision éclairée du marché actuel », précise Yannick Gaillard, directeur chez Chappuis Halder & Co.
« Nous sommes convaincus que les Robo-Advisors auront un impact significatif et positif à court et moyen terme pour les investisseurs grand public, grâce à une réduction des coûts, à un meilleur accès aux services de conseil et à une plus grande variété de produits », explique Joëlle Durieux, directrice générale du Pôle Finance Innovation. Ce qui ne va pas sans susciter quelques inquiétudes légitimes de la part de certains professionnels de la finance face au développement de ces robots d'un nouveau genre.
Une menace, vraiment ?
Il faut dire qu'avec un accompagnement et un service de gestion personnalisée, les Robo-Advisors se rapprochent des services proposés à la clientèle aisée des banques privées. Au point que certains les voient comme une menace, en évoquant une relation client désintermédiée ou détériorée, des conseillers remplacés par des « robots » ou encore un modèle favorisant la gestion passive et amenant à terme, la disparition de la gestion active.
Non seulement, « à ce jour, les Robo-Advisors sont loin d’être une menace », préviennent les auteurs de l'étude, mais il y aurait même, selon eux, de véritables opportunités à saisir par tous les acteurs de la gestion de patrimoine en intégrant ce nouveau modèle dans leur propre stratégie de développement afin de servir leurs clients actuels et de nouveaux clients.
Un marché très confidentiel
« Avec moins de 100 M€ d’encours conseillés ou sous gestion, le marché des Robo-Advisors français reste très confidentiel », font remarquer les auteurs de l'étude. Il faut dire qu'en France, avec une dizaine d’acteurs pour moins de 7.000 clients et largement moins de 100 M€ d’encours sous gestion, le marché est nettement moins dynamique qu'aux Etats-Unis où les trois principaux Robo-Advisors - Betterment, Wealthfront et Personal Capital - géraient à eux seuls plus de 9 Mds$ d’actifs à fin avril 2016.
Le marché français est aujourd’hui encore en structuration. Celui-ci compte à ce jour 8 robo-advisors s’adressant directement à une clientèle finale dont les encours sous gestion se situent largement en deçà des 100M€ et dont la clientèle reste une population d’early-adopters. Cela dit, la famille des Robo-Advisors devrait s’agrandir d’ici la fin de l’année, de nombreux acteurs étant en train de préparer leur offre (Aequam, Lafinbox,…).
Les produits complexes pas encore couverts
Certes, les Robo-Advisors français s’attaquent à une grande majorité des services liés à la gestion de patrimoine, mais ils se focalisent essentiellement sur les produits ou services simples à intégrer dans un parcours client essentiellement digitalisé, tels que l’assurance vie en unités de compte (UC).
« Ils laissent, pour le moment, aux institutions financières déjà établies, les services très haut de gamme ou plus complexes à numériser, tels que la transmission d’une entreprise ou la planification de succession », poursuivent les auteurs de l'étude.
Des acteurs qui peinent à lever des fonds
Au-delà du contexte de marché, le développement des Robo-Advisors français n’a pas été aussi dynamique qu’en Amérique du Nord ou dans le reste de l’Europe (Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, Italie,…) car les acteurs peinent à lever des fonds.
Ils ne bénéficient pas encore de suffisamment de capitaux lorsqu’ils ne sont pas clairement soutenus par des établissements financiers traditionnels. « Néanmoins, on constate aujourd’hui qu’une attention de plus en plus importante leur est portée », est-il indiqué dans l'étude (voir graph ci-dessous).
Une réelle opportunité pour les financiers
Les Robo-Advisors représentent une réelle opportunité pour les institutions financières 'traditionnelles', en leur permettant de s’adresser à une population qui n’avait pas accès au conseil en investissement et d’augmenter ainsi le nombre de clients par conseillers.
Conséquence : Robo-Advisors et acteurs traditionnels auraient intérêt à travailler de concert ou à structurer des partenariats afin de bénéficier des bonnes pratiques de chacun et d’en tirer des synergies. A ce sujet, des banquiers, assureurs et asset managers ont déjà commencé à prendre ce nouveau tournant et structurent des partenariats avec des Robo-Advisors comme Advize, Fundshop, Yomoni, Marie Quantier ou WeSave.
Par ailleurs, de nombreux signes (annonces de recrutement, évènements, etc…) laissent à penser que d’autres acteurs s’intéressent également à la problématique. Le professionnels de la gestion d'actifs ou de fortune que vous êtes aurait donc tort de balayer le sujet des Robo-Advisors d'un revers de main, surtout si ces derniers sont appelés à devenir un jour vos futurs employeurs...
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