« Les MBA ne sont pas tombés en désamour pour la banque d'investissement : c'est plus compliqué que cela »
Vous n'avez pas besoin de moi pour savoir que l'intérêt des titulaires de MBA pour les carrières en banque d'investissement a diminué. La rumeur veut que les banques d'investissement préfèrent former leur personnel à partir du grade d'analyst, tandis que les détenteurs de MBA se désintéressent de l'industrie financière et préfèrent aller travailler pour une entreprise technologique.
La réalité de la situation est nettement plus nuancée. Pour commencer, ceux qui possèdent un MBA se dirigent vers le consulting plutôt que vers d'autres domaines – une évolution professionnelle on ne peut plus classique. L'autre fait qui vous concerne si vous êtes titulaire d'un MBA d'une grande école, c'est que les banques d'investissement continuent d'embaucher sur les campus - mais dans une proportion moindre - et qu'il subsiste un vivier d'étudiants bien déterminés à faire carrière en finance.
Ceci est la raison pour laquelle la banque d'investissement est toujours une option attrayante pour les détenteurs de MBA.
1. Le travail est en réalité très stratégique
Le fait d'être impliqué dans un travail stratégique est LA priorité pour les détenteurs d'un MBA. Ils meurent d'envie de se retrouver dans des projets stratégiques ayant un fort impact, si bien que le consulting - dont l'appétence pour recruter des MBA est intacte - attire un grand nombre de candidatures. Si vous travaillez dans la BFI, le détenteur de MBA que vous êtes s'imagine qu'il sera coincé toute la journée devant des tableurs Excel. Mais la réalité est toute autre.
En fait, parce que les MBA entrent directement au rang d'associates, ils occuperont un rôle plus stratégique dans les deals M&A, les cessions ou introductions en bourse, et des choses plus complexes encore au fur et à mesure qu'ils progresseront dans la hiérarchie. Les banques d'investissement sont rarement explicites à ce sujet lorsqu'elles recrutent sur les campus, mais le secteur propose un travail stratégique aux nouveaux diplômés d'un MBA.
2. Il y a une courbe d'apprentissage pentue
Dès le départ, les détendeurs de MBA pensent souvent qu'ils ont le droit de participer aux discussions sur la stratégie avec les dirigeants, mais c'est quelque chose qui se mérite. En banque d'investissement, vous ne serez pas immédiatement sollicité de la sorte. Les premières années au rang d'associate seront difficiles, et les heures seront longues. L'apprentissage sera toutefois exceptionnel : on dit souvent qu'une année est l'équivalent de sept ans dans un emploi 'normal' (si cela a encore un sens aujourd'hui). Ceci est un gros argument de vente pour convaincre les MBA de rejoindre la banque.
3. Les carrières sont structurées, le salaire est élevé
Difficile de nos jours de garantir la sécurité de l'emploi en banque d'investissement, mais l'évolution professionnelle y est très structurée. Plutôt rassurant à l'heure où les hiérarchies horizontales, les mouvements latéraux et les changements de carrière semblent être devenus la norme. Passer du rang d'associate à celui de managing director prend habituellement 10 ans, et une proportion importante de ces derniers possèdent un MBA.
Et puis, il y a l'argent. A Londres, vous pouvez gagner plus de 450 k£ (500 k€) en tant que banquier d'investissement senior et la rémunération peut démarrer à 125 k£ (130 k€) pour les MBA fraîchement diplômés, faisant de la finance le secteur qui paie le mieux. Et même si l'argent n'est pas tout, cela a encore le don de faire tourner la tête des candidats.
4. La mobilité géographique
Cela peut sembler banal, mais la mobilité géographique est l'une des trois forces motrices du choix de carrière des MBA et les banques d'investissement (du moins pour l'instant) évoluent autour de Londres, New York, ainsi que Hong Kong et Singapour. Dans la plupart des autres secteurs, les MBA sont généralement encouragés à postuler dans leur pays d'origine. Les banques d'investissement sont extrêmement sélectives sur qui elles embauchent, mais si un candidat convient, la nationalité est rarement un problème.
5. Les options de sortie
Si en tant que MBA vous parlez sur le campus à un consultant, ils vous racontera tout sur ses illustres anciens élèves et comment ils ont réussi à se recycler brillamment au cours de leurs carrières. Ce que ne font pas les banques d'investissement. Naturellement, comme elles n'embauchent que quelques MBA chaque année, elles veulent qu'ils restent avec elles jusqu'au grade de managing director. Mais soyons honnêtes, la banque d'investissement ouvre beaucoup de portes : private equity, hedge funds, corporate development et fonctions stratégiques. En soi, la banque d'investissement constitue toujours un bon choix de carrière, mais elles vous offre également des options de sortie.
Pascal Michels est directeur associé du service carrières à l'IESE Business School. Auparavant, il a travaillé chez BNP Paribas et Citi, et est titulaire d'un MBA.