Quand les Big Four adaptent leurs processus de recrutement aux Millennials
Etes-vous éconoclastes, outoftheboxeurs, révolueurs ou synergisants ? Cela tombe bien : pour l’année 2016-2017, le cabinet PwC recherche ce genre de profils dans le cadre de sa campagne de marque employeur à destination des Millennials (autrement dit les enfants de la génération du millénaire, nés entre 1980 et 2000), résolument en rupture avec les codes classiques du monde de l’audit et du conseil, et qui met en lumière les profils des collaborateurs qui contribueront à créer les solutions pour répondre aux transformations d’aujourd’hui.
Quatre idées clés sont mises en scène dans le volet corporate de cette campagne autour du concept d’« opportunidées » et autres néologismes pour mettre l’accent sur de nouveaux profils, en phase avec l’évolution de la société en quête de spécialistes aux compétences multiples. Car dans un monde disruptif et dans lequel les entreprises font face à des enjeux de plus en plus complexes, la compétence technique seule ne suffit plus. Au-delà de l’expertise métier, les qualités propres à chaque individu, dites soft skills, sont essentielles. Jugez par vous-même...
De nouveaux mots pour attirer les talents
Econoclaste : « Votre regard sur le monde vous permet d’appréhender différemment les enjeux économiques, culturels et sociétaux et d’affirmer votre singularité dans un monde en mutation permanente ».
Outoftheboxeur : « Votre capacité à vous engager hors des sentiers battus et à apporter un regard neuf vous pousse à relever de nouveaux défis et à devenir un véritable acteur du changement ».
Révolueur : « Vos talents personnels et votre singularité nous aident à imaginer et à développer des solutions nouvelles qui vous permettent de construire l’avenir professionnel qui vous ressemble ».
Synergisant : « Votre esprit d’équipe, votre dynamisme et le partage de vos expertises vous permettent de réaliser votre potentiel et contribuent à l’émulation de nos équipes au sein de notre réseau mondial ».
Réduire les délais de recrutement
Selon l’étude Millennial Survey 2016 de Deloitte (qui elle aussi a recours à des néologismes comme Y-déalistes en chef ou inf-Y-dèles), deux tiers des employés issus de la Génération Y expriment l'envie de quitter leur entreprise actuelle d'ici 2020. Pour leurs employeurs, il y a donc urgence à revoir les leviers de fidélisation s'ils veulent éviter de voir filer une grande partie de leurs effectifs.
Les Big Four font donc plus que jamais preuve d'imagination pour séduire les Millennials. C'est le cas par exemple de KPMG qui, début août, a décidé de modifier ses procédures de recrutement de candidats diplômés de l’enseignement supérieur pour les adapter à la génération des Milennials. « Améliorer notre processus de recrutement de jeunes diplômés est essentiel pour le succès à long terme de notre entreprise », rappelle Simon Collins, président de KPMG.
Objectif visé: réduire la durée de cette procédure pour que les candidats puissent rapidement prendre connaissance du verdict, dans les deux jours ouvrés. Car selon KPMG, les jeunes candidats manifestent souvent de la frustration lorsque le recrutement est étalé sur une période plus longue. Par le passé, le recrutement se décomposait en trois étapes distinctes qui pouvaient durer plusieurs semaines. Ce processus sera désormais concentré sur une seule journée.
Dans la même veine, Deloitte a annoncé l'an dernier vouloir changer son processus de sélection en rendant anonyme l'école ou l'université d''où sont issus les candidats.
De nouvelles expériences candidats
Pour répondre à ses objectifs de diversification des talents, Deloitte développe de nouvelles actions comme le Delta Day, une journée d’échanges dédiée aux étudiants issus des écoles d’ingénieurs qui propose une expérience immersive avec des challenges : coding webcomponent, cyber sécurité, data analytics, finance quantitative, supply chain et atelier de consulting, digital... Ou bien encore les Deloitte Inside où des étudiants sont invités à passer une journée aux côtés des collaborateurs afin de découvrir leur quotidien au bureau.
« C’est à nous de les convaincre, la plupart des jeunes qui viennent à notre rencontre ont trois propositions d’emplois en main », souligne dans L'Agefi Hebdo Sylvie Bernard-Curie, DRH Talents de KPMG. Le groupe a ainsi mis en place depuis l’an dernier les Talent Days : 60 étudiants triés sur le volet sont accueillis au siège pour y rencontrer des managers et des patrons de « business unit », assister à une conférence et, bien sûr, passer des entretiens.
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