Carrière en finance : faut-il préparer une certification pour vous démarquer ?
La 7ème édition de l'Annual Career Event de CFA Society France organisée cette semaine dans les locaux parisiens de l'ESCP a été l'occasion, outre de dresser l'état actuel de l'emploi en finance, de faire sans langue de bois le point sur la nécessité (ou pas) de préparer une certification en finance (type CFA, CAIA, FRM...) pour les jeunes diplômés et les candidats expérimentés, sachant que ce type de certification nécessite un investissement financier et surtout temporel non négligeable.
Côté académique, les responsables de formations en finance semblent être unanimes sur la question. « Indiquer que l'on est en train de passer un niveau du CFA est un vrai plus », explique Philippe-Hugues Thomas, professeur de Finance à ESCP Europe et directeur scientifique du Master Spécialisé Finance à Paris et à Londres. « Jusqu'à récemment, le principal critère de recrutement des jeunes diplômés était le... diplôme. Mais avec près de 14.000 de titulaires de Masters Finance chaque année en Europe, cela ne suffit plus ».
Les recruteurs en finance eux aussi semblent apprécier les certifications. « La première carte de visite sur le CV reste une bonne école, mais une certification demeure un bon moyen de se démarquer », explique Lydie Riquier, manager exécutif de la division Michael Page Financial Services et qui intervient essentiellement sur des recrutements de profils middle-management.
Faire la différence à l'embauche...
Certes, les services RH des grandes banques d'investissement ont pour habitude de ne retenir en priorité dans leur processus de sélection que les 30 premières grandes écoles classées dans le Financial Times. Aussi une certification professionnelle permet-elle de faire la différence avec les autres candidats, qui plus est lorsque l'on n'est pas issu d'une école recensée par le FT. Enfin, le marché de l'emploi en finance ne se réduit pas à l'Hexagone et partout dans le monde les détenteurs de certifications professionnelles progressent en nombre.
Cette année par exemple, 137.791 candidats dans le monde entier ont participé à la session d’examen de juin du programme Chartered Financial Analyst (CFA), soit 10% de plus qu’en 2015. Le pays qui a affiché la plus forte hausse était la Chine, avec 22.999 inscriptions à l’examen du Level I. Ainsi, la région Asie-Pacifique, véritable moteur de croissance, avec 61 255 participants en juin, passe nettement devant le continent américain (45.606) et la région EMEA (30.930).
... et tout au long de sa carrière
« La croissance constante du nombre de candidats en France et dans le monde est significative d'un engagement de plus en plus fort de notre profession en faveur de l’éthique », rappelle Myriam Ferran, CFA, Présidente de CFA Society France. Le nombre croissant de certifications en conformité et réglementation en atteste.
Dans la pratique, de plus en plus de signataires de documents, comme par exemple les brokers equity research, sont titulaires d'une certification. « Sans certification, on peut toujours co-signer mais ce n'est pas la même dynamique, et à terme la certification pourrait même finir par devenir obligatoire », fait remarquer Philippe-Hugues Thomas. « A terme, on pourrait même imaginer un système par silo, à savoir une certification pour chaque métier », anticipe le professeur de l'ESCP Europe.
Car en plus d'augmenter ses chances d'être recruté, une certification professionnelle peut également servir à vous faire évoluer plus rapidement dans un secteur d'activité donné (ex :le buy-side) et passer plus facilement d'un secteur à l'autre.
« Ceux qui travaillent dans les M&A et sont désireux de passer dans le private equity doivent savoir que les fonds d'investissement demandent souvent le CAIA », confirme Nelson Lacey, CFA, professeur de Finance à l'Isenberg School of Management de l'Université du Massachussets et actuellement responsable des examens au sein de l'association Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA).
Une certification, est-ce toujours bien utile ?
Si votre objectif consiste à travailler dans les risques, mieux vaut opter pour une certification spécialisée de type Financial Risk Manager (FRM). A contrario, si votre dada c'est la gestion d'actifs, alors le CFA est fait pour vous. « Le niveau III du CFA reste très centré sur les métiers de la gestion d'actifs et du portfolio management », rappelle Julien Coudert, diplômé de l'ESCP, CFA, managing partner chez la Compagnie Saint Eusice qu'il a fondée en 2013 après huit ans comme gérant d'OPCVM et de portefeuilles chez un gérant d'actifs.
Il conseille par ailleurs de passer le CFA le plus tôt possible (idéalement lorsque l'on n'est pas encore à charge de famille) car cela requiert beaucoup de temps.
Enfin, sachez qu'une certification professionnelle ne remplacera jamais l'expérience professionnelle, surtout à des postes exigeant un certain niveau de séniorité. « Vous ne pouvez pas prétendre à un poste de gérant avec juste une certification CFA », indique Odile Couvert, fondatrice du cabinet Amadeo Executive Search spécialisé dans le recrutement de profils seniors (7-10 ans d'expérience minimum) dans les services financiers, banque d'investissement et marchés financiers.
Et de rappeler que « l'expérience, les compétences et surtout les résultats, que ce soient les performances d'investissement pour un gérant ou la contribution au P&L pour un trader, seront des éléments prépondérants dans la décision de recrutement ». Vous voici prévenus !
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