Les sept questions incontournables à poser en entretien pour transformer l'essai
Vous avez décroché un entretien d’embauche dans le secteur financier et êtes vraiment motivé pour le poste ? Alors il va falloir poser quelques questions à votre interlocuteur. Aujourd'hui, les recruteurs ne se contentent plus des réponses données à leurs questions pour mesurer la motivation des candidats et la pertinence de leur profil par rapport au poste. Ils en veulent plus. Un candidat qui ne pose pas de question ou bien des questions à côté de la plaque ou négatives se retrouve très vite hors-jeu.
Aussi capitales soient elles, les questions de fin d’entretien ne sont pas pour autant une tâche aisée. Trop précises ou ciblées, elles peuvent vite paraître agressives ; trop banales, elles peuvent suggérer un manque de personnalité. D’où la nécessité de se préparer car l’improvisation peut vite être associée à de l’amateurisme voire une forme de désintérêt pour le poste ou l’employeur. Plusieurs experts du recrutement dans l'industrie des services financiers livrent ici leurs conseils.
1. En faisant des recherches pour préparer cet entretien, j’ai appris que […]. Pourriez-vous m’en dire plus ?
L'idée consiste à se renseigner sur l’une des dernières missions/actions de votre interlocuteur ou de l’entreprise. « Les banquiers adorent parler d’eux », assure Guillaume Tardy Joubert, de Coaching Assembly, société spécialisée dans le coaching de jeunes candidats se destinant à des carrières dans la banque. Pour la première question, il est de bon ton de gagner votre interlocuteur à votre cause en l’incitant à parler de son job. Si vous postulez en M&A par exemple, Guillaume Tardy Joubert recommande des questions du style : "j’ai vu que votre société/équipe était impliquée dans le deal XYZ, pourriez-vous m’en dire un peu plus sur ce deal et sur sa dynamique ?"
La même chose vaut pour les postes en risque, finance ou compliance. Menez des recherches en amont pour connaître les difficultés auxquelles l’entreprise peut être confrontée, et interrogez votre interlocuteur sur le travail et les projets en lien avec ces problématiques. Posez des questions simples mais ouvertes, c'est-à-dire dont la réponse ne pourra se limiter à un "oui" ou à un "non". Evitez par exemple "Je sais que vous avez eu maille à partir avec les autorités de régulation – cela peut-il poser problème si j’intègre cette équipe ?". Dites plutôt : "De quelle manière l’intervention du régulateur a-t-elle influé sur le mode de travail de l’équipe ? Pouvez-vous m’expliquer en quoi l’intérêt de votre poste a évolué ?"
Dans tous les cas, vos questions se doivent d’être toujours positives : évitez à tout prix les tournures négatives. Tardy Joubert rappelle que « les questions se posent à la fin de l’entretien. Si vous les tournez de façon trop négative, vos interlocuteurs risquent de rester sur une mauvaise impression ».
2. Concernant la stratégie de votre structure... ?
Il est également bien vu d’interroger votre interlocuteur sur la stratégie et les perspectives de la société. C’est l’occasion de montrer que vous vous êtes renseigné dans le détail. Oubliez les questions évidentes, dont la réponse se trouve à portée de clics. « Posez des questions qui mettent en avant vos connaissances sur la structure que vous voulez intégrer », précise Jack Shardlow, du cabinet de coaching Interview Bull. C’est une manière de montrer pourquoi vous voulez travailler pour cette structure précisément, et pas une autre.
Pour un poste relativement junior en banque privée, par exemple, il suggère des questions du style : "J’ai lu que votre établissement avait récemment gagné des parts de marché en gestion de fortune privée. Quelle est la stratégie de votre société pour capitaliser sur cette croissance et comment comptez-vous poursuivre dans ce sens face aux poids lourds du secteur que sont X et Y ?"
Vos questions sur la stratégie devront être d’autant plus précises que le niveau du poste est élevé. Des questions négatives sur la stratégie risquent de se retourner contre vous. Si vous visez un poste senior, vous devez montrer que vous comprenez les problématiques et les défis de l'entreprise ou de l'équipe et que vous êtes capable d'apporter des réponses ou un éclairage nouveau et/ou utile. Encore une fois, assurez-vous de formuler ces questions de la manière la plus positive possible.
3. Quelles sont les perspectives à plus long terme ?
Les "job-hoppers" de la finance, autrement dit les accros au changement de postes, ont fait long feu. Les candidats peu stables, qui bougent tous les deux ans, n’ont certes jamais été très appréciés des RH. Mais aujourd’hui, on s'attend à ce que chacun reste plusieurs années en poste, ne serait-ce que pour toucher les bonus différés.
À l’issue de votre entretien, il est indispensable de montrer que vous ne ferez pas que passer. Jack Shardlow suggère de prouver votre engagement à long terme par des questions spécifiques comme "si je prends ce poste, à quoi mesurera-t-on le succès de ma mission au bout d’un an ?" puis "quelles sont les perspectives d’évolution au sein du poste, de la société ?" ou encore "existe-t-il un programme d’évolution interne au sein de l’entreprise ?", etc.
4. À quoi va ressembler ma première semaine de travail ?
Cette question permet d’éclairer la manière dont l’employeur a réfléchi à votre recrutement. Dispose-t-il d’un plan de formation précis ? Un accompagnement est-il prévu ? Enfin, cette demande vous permet d’évaluer le rythme de croisière auquel vous serez soumis.
Dans la mesure du possible, tâchez également de savoir pourquoi la personne précédente a quitté son poste. Ce poste est-il disponible parce la personne a bénéficié d’une promotion ? Formidable. Ça veut dire que vous pourrez profiter des fruits de son travail. La personne a-t-elle été remerciée ? Chercher à savoir pour quelles raisons. Est-ce une nouvelle fonction ? À nouveau, bonne nouvelle. Cela signifie que l’entreprise se développe. Essayez d’évaluer alors, dans quelle mesure elle dispose d’une stratégie de développement à long terme.
5. Quelles sont les qualités que vous recherchez dans ce poste ?
Les recruteurs veulent évidemment savoir de quel bois vous êtes fait. Mais eux, quel profil recherchent-ils ? Si vous le savez, vous pourrez montrer que vous avez précisément les qualités qu’ils espèrent. Avec subtilité... bien sûr. A ce sujet, Mark Hatz, ancien banquier chez Goldman puis chez Perella Weinberg, a mis au point un « kit de préparation à l’entretien ». Pour lui, demander des précisions sur le profil recherché a le mérite de clarifier les attentes en matière de profil recherché. Insistez sur les qualités requises, et si vous recherchez un stage, sur les éléments susceptibles de le convertir en emploi.
C’est aussi l’occasion de retourner la question "pourquoi avez-vous retenu mon CV ?". Ceci va permettre d’appuyer vos points de force mais aussi – et soyez préparé ! – de dissiper le cas échéant les derniers doutes ou questionnements que le recruteur va émettre sur certains aspects de votre candidature. Sinon la question "que pensez-vous de ma candidature ?" - plus ouverte - peut apparaître plus appropriée selon les cas.
Enfin, si vous sentez que l’entretien s'est bien déroulé, et a plutôt tourné en votre faveur, pourquoi ne pas tester à votre tour votre interlocuteur sur les raisons de l’ouverture du poste : un remplacement d’une personne qui a été promue en interne ou une création de poste sont toujours des signes plus positifs qu’un fort turnover. Encore une fois, n’oubliez pas d'y mettre les formes.
6. Qu'est ce qui vous plaît le plus dans cette entreprise en tant qu'employé ?
Si le courant passe bien, Marc Hatz estime opportun de poser quelques questions sur la perception personnelle de votre interlocuteur quant à la culture de l’entreprise en lui demandant par exemple pourquoi ce dernier s'y sent bien. En revanche, si l’entretien a été plutôt tendu et technique, cela pourrait s’avérer contreproductif voire déplacé.
« Si vous postulez dans une boutique, vous pouvez être tenté de demander à votre interviewer de comparer son expérience chez cet employeur à celle qu’il a eue précédemment chez Morgan Stanley, par exemple. Mais c’est à vous de juger – cela peut ne pas fonctionner si la personne est particulièrement hautaine et froide », prévient Hatz.
7. Pour la suite... ?
Là rien de révolutionnaire, ni d’indispensable. Néanmoins, un candidat qui interroge son interlocuteur sur le timing et les prochaines échéances du processus de recrutement donne « l’image d’une personne structurée, sérieuse et capable de se projeter », reconnaît Vincent Picard, associé au sein du cabinet FED Finance, en charge du département Banque et Finance de marché à Paris. Cela peut passer par une simple question à l’issue de la rencontre : "souhaitez-vous que je revienne vers vous avec des informations complémentaires ou préférez-vous me recontacter directement pour la suite ?".
De la même manière, les candidats qui prennent l’initiative de proposer spontanément des « références » marquent toujours des points auprès des recruteurs ou des RH. Poser la question "apprécieriez-vous de discuter avec mon ancien manager ?" illustre une forme de proactivité et de transparence, qui dénote une confiance en soi, rassurante pour un employeur. Celui-ci a certes déjà pu avoir accès à vos références, mais à défaut d’en être sûr, il ne coûte rien de les lui proposer.
=> À bannir absolument :
Vous avez maintenant une meilleure idée des questions à poser. Mais lesquelles devriez-vous éviter à tout prix ? En somme, toutes celles qui peuvent être interprétées de façon négative :
- aucune question dont la réponse se trouve en quelques clics sur internet.
- rien sur le salaire, le temps de travail ou les tickets resto !
- enfin, abstenez-vous des questions de remplissage, qui ne présentent aucun intérêt ni pour vous, ni pour votre interlocuteur.
Crédit photo : gettyimages