Les banquiers français vont-ils voir fondre leurs bonus 2016 ?
La fin de l'année approche et les banquiers vont connaître le montant de leurs bonus au titre de l'année 2016 qui leur sera versé en février 2017. D'ores et déjà, le site de benchmarking de salaires dans le secteur financier Emolument.com a réussi à compulser des données concernant les professionnnels des fusions et acquisitions (M&A) et de l'origination, sur la base de 74 vice-presidents (VP's) travaillant en banque d'investissement à Paris.
Force est de constater que ces professionnels verront leurs bonus 2016 baisser de 15-16% sur un an. Pas vraiment une surprise. « Les bonus n’ont plus vraiment la cote si bien que l’on peut parler d’une période de vaches maigres », indiquait déjà Thierry Mageux, business development director chez Robert Half Banque et Assurance, à l'occasion de la publication de l'étude de rémunération 2017 du cabinet de recrutement. Ce qui n'empêchera pas les banquiers M&A de rester parmi les professionnels les mieux payés de la banque.
Une tendance que l'on constate également outre-Manche, où Emolument a sondé quelques 648 VP's travaillant dans les banques d'investissement londoniennes. Etonnamment, les banquiers M&A de la City n'ont pas bénéficié du volume record de transactions enregistré en 2015, leurs bonus ayant même baissé de 20% par rapport à l'année précédente. Néanmoins, leurs bonus médians 2016 - de l'ordre de 80.000 £ (95.000€) - représente quasiment le double de celui des professionnels de la vente et de la recherche qui pourtant ont vu leurs bonus augmenter en 2016.
Des bonus qui diffèrent selon les banques
Logiquement, ce sont les établissements bancaires qui ont le mieux performé en 2015 sur le marché européen des M&A (autrement dit BAML,Goldman Sachs,JP Morgan, Lazard et Morgan Stanley) qui ont versé des bonus en augmentation de 25% à leurs VP's. A contrario, les banquiers M&A travaillant dans des banques qui n'ont pas eu accès à la vague récente de méga-deals et de super-commissions qui vont avec ont vu leur bonus fondre de 16%.
« Au cours des deux dernières années, nous avons vu une énorme polarisation dans les bonus, en particulier dans les fusions et acquisitions », explique Alice Leguay, co-fondatrice et COO chez Emolument. « Cette polarisation s'applique également au niveau individuel, les banques choisissant parfois de punir certains (ex : zéro bonus) afin de conserver des ressources pour rémunérer les professionnels les plus performants ».
Les banquiers les plus satisfaits de leurs bonus 2016...
Comme on peut le constater dans le tableau-ci-dessus, l'immense majorité des banquiers sont mécontents de leurs bonus. Les traders, pourtant classés en deuxième position pour le montant de leurs bonus, sont parmi les moins satisfaits (23%) des professionnels de banque. Quant aux professionnels de l'origination, ils ne sont que 17% à se dire satisfaits après avoir vu leurs bonus chuter de 30% par rapport à 2015.
Enfin, concernant les professionnels des M&A, leur satisfaction est à peu près identique à celle de 2015, et ce en dépit d'une forte baisse (20%) de leurs bonus. Sachant qu'ils peuvent s'attendre à un bonus bien plus élevé en 2017, la pilule semble plus facile à avaler. Mais si leurs espoirs sont douchés, leur niveau de satisfaction risque d'en pâtir fortement. Affaire à suivre...
Crédits Photo : Michael-Merck / gettyimages