Les équipes d'investissement en private equity se féminisent doucement mais sûrement
Pour la sixième année consécutive, le cabinet Deloitte et l'AFIC (Association Française des Investisseurs pour la Croissance) ont publié ce jeudi leur étude sur la place des femmes dans le capital-investissement. Conduite auprès de 100 investisseurs en capital membres de l'AFIC, ces travaux dressent un panorama de la dynamique de la mixité au sein de la profession en France en 2015.
Principal constat : on assiste dans la profession à une féminisation progressive des équipes d'investissement depuis 6 ans. La part des femmes dans les équipes d'investissement continue ainsi de progresser au sein des équipes (+1% versus 2014) à 21%, hors stagiaires. Si l'on remonte un peu le temps, elles n'étaient que 17% en 2009. A noter que l’étude ne couvre pas les salaires et qu'il n’y a de données sur ce sujet disponibles à ce jour.
Si vous êtes une femme travaillant en banque d'affaires ou société de gestion (qui sont les principaux viviers de recrutements) et souhaitez postuler dans une société de private equity, sachez que la proportion de femmes dans les recrutements des équipes d'investissement est stable et se situe à 28% en 2015.
« Les politiques de mixité dans les sociétés de gestion se concrétisent au travers d'objectifs fixés pour les recrutements : ces sociétés utilisent principalement (à 60%) un objectif de panel mixte de candidats et des comités de recrutement mixtes sont également mis en place », note Claire Deguerry, Associée Financial Advisory chez Deloitte.
Et une fois embauchée ?
Une fois recrutée, qu'en est-il de votre évolution de carrière ? A ce sujet, l'étude montre que la proportion de femmes décroit linéairement au fur et à mesure qu'elles progressent dans la hiérarchie.Sur 100 femmes travaillant en fonds, seules 18 ont un statut senior contre 55 pour les hommes.
Les femmes représentent près d’un tiers (31%) de l’effectif des chargés d’affaires/analystes, un pourcentage de 9 points supérieur à celui du niveau de directeur de participations (22%). Au-delà du poste de chargé d’affaires, la mixité est faible. Les hommes représentent respectivement 78%, 86% et 87% des effectifs aux grades de directeur de participations, d’associé et membre du directoire/comité exécutif.
L'étude montre cependant une féminisation régulière des grades les plus expérimentés : ainsi 22% des directeurs de participations sont des femmes (16% en 2009). En outre, la connaissance de la loi n° 2011-103 relative à la mixité dans les Conseils d'Administration est en progression depuis l'année passée (+19 points à 77%) parmi les fonds interrogés. 50% des sociétés de gestion interrogées ont fixé un objectif de mixité.
« Nous ne pouvons que nous réjouir des progrès réalisés ces dernières années. Pour autant, la dynamique engagée doit s'amplifier pour devenir une pratique durable et s'étendre encore plus dans les sphères décisionnaires », estime Claire Deguerry, tout en rappelant « seulement 13% des sociétés de gestion mettent en place des actions spécifiques en faveur des femmes ».
Un paradoxe quand on sait que la mixité est un facteur d'attractivité important auprès des investisseurs, en hausse de 8 points par rapport à l'année précédente. « La part grandissante de la mixité dans les critères de sélection des investisseurs est un facteur supplémentaire de motivation pour les sociétés de gestion à aller vers plus de mixité », conclut Alexandra Dupont, Présidente d'AFIC avec Elles et Associée de Raise. A bon entendeur...
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