Emploi en finance : voici les premières tendances 2017 pour la France...
En ce début d'année, nous avons demandé à plusieurs recruteurs et chasseurs de têtes en finance de nous dessiner les premières tendances de l’emploi en finance en France pour 2017, que nous avons complété par les analyses faites dans les études de rémunérations des grands cabinets de recrutement, désormais toutes publiées. Certes, la plupart des recruteurs en finance reconnaissent qu’il est encore tôt pour être certain de la réalité des prévisions recueillies ces dernières semaines auprès de leurs clients.
« Entre le Brexit, l'élection de Trump et les présidentielles en France, il y a peu de visibilité en ce début d'année sur l'emploi en finance », relève Amaury la Clavière, Senior Manager de l’activité Banque de Financement et d’Investissement au sein du cabinet Robert Walters. Cela dit, rien n’empêche de dessiner les premiers contours – quitte à les affiner dans les semaines et les mois à venir – des nouvelles tendances observées ça et là. Voici donc les principaux éléments qu’il convient de retenir :
L'effet post-Brexit : une aubaine, vraiment ?
Comme annoncé en juin dernier, en pleine campagne du Brexit, le groupe bancaire HSBC va déplacer 1.000 emplois de ses bureaux londoniens vers Paris où il emploie déjà 9.500 salariés. Dans une interview accordée à Bloomberg en marge du forum de Davos, le directeur général de la banque, Stuart Gulliver, a précisé que seuls les postes liés à l’activité d’investissement sur les marchés mondiaux seraient concernés. Il précise que « les activités qui relèvent exclusivement de la législation de l’UE vont être déplacées, ce qui représente près de 20 % des revenus de la banque d'investissement à Londres ».
Cette annonce qui intervient après le Brexit « hard » promis par Theresa May constitue à première vue une bonne nouvelle pour la place parisienne qui ces dernières années a vu partir des équipes entières de traders pour Londres. Néanmoins, la prudence semble de mise chez les recruteurs. « Difficile à ce stade de dire si c'est une bonne nouvelle ou pas en terme de recrutements. L'impact sur l'emploi est en effet difficile à quantifier. Qui dit rapatriement dit aussi doublons et réductions d'effectifs éventuelles », observe Amaury la Clavière.
Quant à savoir si HSBC fera des émules, il est là aussi un peu tôt pour le savoir. « Le post-Brexit ne se traduit pas encore par de forts mouvements d’équipes mais les stratégies se préparent en hauts lieux », précise Olivier Coustaing, associé au sein du cabinet de chasse de têtes Managers by Alexander Hughes Paris. Enfin, les banques françaises installées à la City de Londres n'ont pas forcément intérêt à rapatrier trop rapidement leurs activités sur place.
Les recrutements externes se poursuivent
« L’année 2017 devrait être marquée par une reprise ou une poursuite des recrutements externes sur l"ensemble des métiers », observe Olivier Coustaing, tout en constatant « un effet 'relève générationnelle' en marche qui va s’intensifier, notamment sur les rôles de management – direction générale, opérationnelle ou spécialisée – avec une attente forte de talents capables d’amener fraîcheur de vue, innovation et réel leadership ».
Pas question pour autant d'embaucher le premier venu. « Le marché reprend des couleurs mais les exigences sont de plus en plus élevées. Il y a une vraie nécessité d’éléments très contributeurs, en excellent 'fit' avec la culture d’entreprise, et capables de faire avec aisance l’ascenseur entre la stratégie et les opérations ».
La BFI de plus en plus sélective
Concernant la BFI, « une grande partie des recrutements effectués en 2016 ont concerné les lignes métiers conformité et risques. Cette tendance se poursuivra en 2017 », indique Amaury la Clavière. « L'an dernier s'est également caractérisé par le renforcement de profils confirmés en front-office. Pour 2017, il devrait y avoir moins de recrutements mais des recrutements de profils VP's avec une vraie technicité et de directors avec une réelle capacité à originer, notamment concernant les deals midcaps dans les M&A ».
« Les BFI effectuent quelques recrutements ponctuels et spécifiques sur le front office mais leurs marges et leur rentabilité s’amenuisent, alors que leurs obligations prudentielles se multiplient », constatent les recruteurs de chez Michael Page dans leur étude de rémunération 2017. « Elles n’ont d’autre choix que de poursuivre leur restructuration en se dotant de profils transverses en lien avec la compliance ».
« La banque d’investissement s’inscrit dans une logique de rationalisation, à travers une cure massive sur le front office et la mise en œuvre de plans de départs. Là encore, c’est le réglementaire qui attire les embauches », constate Thierry Mageux, business development director chez Robert Half Banque et Assurance. « Pour mieux contrôler les risques et se conformer à la réglementation, on assiste à d’importants volumes de recrutements sur la partie risque et la partie compliance ».
La Compliance, toujours au top...
Il n'y a pas que dans la BFI que la conformité recrute. « Cela se vérifie également dans les banques privées, les établissements bancaires et les sociétés de gestion de patrimoine axées sur les produits de placement, la transmission de capital et la gestion de la fiscalité », constatent les experts du cabinet Hays dans leur dernière étude de rémunération 2017.
Partout, « des équipes entières sont maintenant dédiées à la gestion du risque », rappelle Antoine Morgaut, CEO Europe et Amérique latine chez Robert Walters, citant parmi les fonctions qui ont la cote le contrôle financier, la direction des risques ou bien encore les compliance officers. Mais atttention, car là aussi, la sélection est rude. « Face à la concurrence, à la complexité réglementaire et à l’évolution technologique, les experts seront favorisés, parfois issus d’autres secteurs afin de doper certaines fonctions par de nouvelles pratiques », observe ainsi Olivier Coustaing.
Le boom du Digital profite à l'emploi en finance
« Le digital reste un levier fort des transformations en cours au sein des acteurs financiers, il continuera à générer des besoins de professionnels spécialisés », relève Olivier Coustaing. Les grandes banques affichent la couleur, comme Société Générale qui sur la page d'accueil de son site internet indique recruter dans ses métiers IT : développeur, chef de projet digital, architecte IT, business analyst, etc.
Selon Robert Half, « les investissements liés à la transformation digitale (services de banque et assurance en ligne) représentent certes des coûts importants mais génèrent de nouvelles opportunités business, incitant les acteurs du secteur à recruter ». Avec une attention particulière apportée aux Millennials, comme le confirme la dernière campagne de recrutement de la SocGen intitulée : « Adoptez la digitale ITtude ! »
En Finance d'Entreprise, la chasse aux experts est ouverte
En 2016, les employeurs cherchaient régulièrement des experts en consolidation et CISA (Certified Information Systems Auditor) avec une préférence pour des candidats possédant une expérience internationale et disposés à se déplacer géographiquement pour travailler dans des centres de services partagés nouvellement développés en dehors des centres d'affaires traditionnels. « Cette tendance se poursuivra en 2017 », relèvent les auteurs de l'étude de rémunération de Robert Walters.
Le secteur des biens de consommation devrait connaître une forte croissance en 2017, créant des opportunités pour les professionnels de la finance afin de pourvoir les postes purement financiers mais aussi stratégiques. Les problématiques de remplacement des départs à la retraite seront une grande priorité pour les directeurs financiers afin d'assurer la croissance de l'entreprise. « En conséquence, les candidats capables de faire preuve de leadership, d'ambition et d'adaptabilité seront très recherchés », poursuivent-ils.
Le Conseil ne faillit pas à sa tradition de gros recruteur
Les cabinets de conseils ont connu une forte croissance en 2016 en raison de la demande accrue de leurs services de la part des établissements financiers et industriels. « Ce qui entraîné des niveaux élevés de recrutement, avec des cabinets augmentant leurs effectifs de 25% dans certains cas, essentiellement via des recrutements de juniors », relèvent les experts de Robert Walters. « En 2017, nous prévoyons une pénurie chronique de professionnels de niveau intermédiaire si bien que dans leurs talent pools les employeurs devront recruter des candidats plus expérimentés ».
Les recruteurs de Michael Page notent quant à eux un fort développement des offres digitales et cyber. « Dorénavant, les cabinets ont pour mission d’accompagner leurs clients à la fois dans leur transformation digitale mais aussi dans la sécurisation de leurs données sans négliger un important volet réglementaire et normatif. Par conséquent, au-delà des profils techniques et fonctionnels, la demande de profils liés à la 'gouvernance' ne cesse de croître ». De quoi bien commencer l'année...
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