Emploi, bonus, automatisation : les challenges 2017 des métiers du trading
Vous voulez devenir trader ou travaillez déjà dans le trading et aimeriez savoir à quelle sauce vous allez être mangé en 2017 ? Sachez que l'année ne sera pas de tout repos pour les professionnels des salles de marché. En voici les principales raisons :
La tendance est à la baisse des effectifs
Les effectifs des activités de front-office - vente, trading et recherche - en taux, change et matières premières dans les 12 plus grandes banques d'investissement mondiales sont en baisse de 7% sur un an, portant le recul à près de 25% depuis 2012, selon le cabinet de consultants spécialisés Coalition. Les banques européennes ont payé un plus lourd tribut avec une chute de 30% de leurs effectifs depuis 2012, près de deux fois plus que chez leurs homologues américaines.
Et la purge est loin d'être terminée. Ainsi, depuis le début de l'année, HSBC aurait commencé à supprimer une centaine de postes de banquiers d'investissement dans le monde, selon une source proche du dossier, tandis que Deutsche Bank s'apprêterait à supprimer près d'un cinquième de ses effectifs dans le trading actions
Les recrutements se font au compte-goutte
Malgré la bonne tenue actuelle des marchés financiers, les grandes banques d'investissement restent très frileuses quant à l'embauche de traders. « Il n'y a aucune frénésie d'embauche. Le secteur bancaire est sceptique au mieux la plupart du temps, et tout cela ne pourrait être qu'une bulle », indique Jason Kennedy, dirigeant du cabinet de recrutement éponyme à Londres, cité par Reuters.
Un dirigeant des activités de trading actions d'une grande banque d'investissement américaine rapporte à Reuters que tous ses recrutements ont été faits il y a trois ans et que si des investissements continuent d'être réalisés, ils concernent la technologie et la plate-forme de négociation en ligne. Il n'effectuera de recrutements cette année que de "manière opportuniste".
Même constat côté français. « Les BFI effectuent quelques recrutements ponctuels et spécifiques sur le front office mais leurs marges et leur rentabilité s’amenuisent, alors que leurs obligations prudentielles se multiplient », constatent les recruteurs de chez Michael Page dans leur étude de rémunération 2017.
Les bonus affichent triste mine pour certains
Si certaines des banques américaines préfèrent accroître les bonus des équipes en place plutôt que d'augmenter les effectifs, l'heure est plutôt à la diète en Europe. Dans le cadre de son plan de réduction de coûts, Deutsche Bank réduit les salaires et les bonus. Idem pour la Société Générale dont la divulgation de l'enveloppe des bonus des traders fixed income à Londres fait ressortir une baisse globale de 5% (et bien davantage encore pour certains banquiers juniors).
Les traders seniors sont sur la sellette
Si les banquiers juniors ne sont pas toujours à la fête niveau bonus, certains traders seniors sont tout simplement... poussés vers la sortie, du fait que les banques continuent de jouer le rajeunissement de leurs équipes avec le remplacement de traders expérimentés et plus coûteux par des recrues plus jeunes, fraîchement diplômées et moins chères. Ce phénomène auquel il va falloir vous habituer dans les prochaines années porte un nom : la "juniorization".
Un marché boursier incertain
Certes, l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis et le vote britannique en faveur du Brexit ont ranimé l'activité sur les marchés financiers. Cependant, les traders doivent composer avec un marché incertain, les investisseurs restant attentifs aux incertitudes politiques en Europe et aux États-Unis, ce qui pèse sur les marchés actions malgré des fondamentaux solides.
Francfort en embuscade
La place financière de Paris qui ces dernières années à vu bon nombre de desks de trading filer vers Londres entendait bien profiter du Brexit pour rapatrier des équipes entières. C'était sans compter sur la concurrence d'une autre place financière – celle de Francfort – qui, après les annonces de Goldman Sachs et de Citigroup indiquant qu'elles souhaitaient y transférer des centaines de vendeurs et traders, pourrait devenir le nouveau hub européen du trading, même si cela reste bien sûr à confirmer.
La concurrence des ingénieurs... et des robots
En seize ans, Goldman Sachs a remplacé 600 traders par des algorithmes maintenus par 200 ingénieurs informatiques. Ces derniers représentent aujourd'hui un tiers des effectifs de Goldman Sachs, soit 9.000 salariés, selon Business Insider France. Et ce n'est là qu'un début : « Quatre traders peuvent être remplacés par un ingénieur informatique », rappelle Marty Chavez, ex-DSI de Goldman Sachs qui deviendra en avril prochain le directeur financier de la banque, dans une interview au MIT Technology Review. Indéniablement, la profession a connu des jours meilleurs...
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