Rédiger une lettre de motivation, est-ce encore vraiment bien utile pour postuler dans la finance ?
Alors comme ça, vous postulez pour un emploi en finance, et vous transpirez à grosses gouttes pendant des heures pour rédiger une belle lettre de motivation ? Sachez que vous êtes probablement en train de perdre votre temps. Les recruteurs en banque nous ont avoué qu'ils ne lisaient presque jamais les lettres de motivation.
« Une lettre de motivation est juste un exercice de relations publiques pour les candidats, estime Christian Robbins, un recruteur londonien spécialisé dans le secteur bancaire. Je lis très rarement les trucs du style ‘trader aguerri, ambitieux’, c'est juste une perte de temps. Je regarde le CV et si c’est intéressant, je verrai bien de quoi il en retourne en entretien ».
« Je vais être honnête avec vous, je n'ai jamais vraiment lu de lettre de motivation au cours de ma carrière, confie David Schwartz, un ancien responsable du recrutement chez Goldman Sachs, aujourd’hui chasseur de têtes à New York. Quand je reçois un CV et une lettre de motivation, je regarde en priorité le CV, et je ne fais pas vraiment attention à la lettre qui l’accompagne ».
Une responsable du recrutement au sein d’une banque européenne à Londres avoue, elle-aussi, ignorer presque à tous les coups les lettres de motivation. « Cette lettre est un moyen d'auto-promotion et d’une utilité très limitée pour l’employeur. Les candidats passent des heures à la rédiger, or elle ajoute très peu de valeur à la candidature. Nous préférons largement passer du temps à regarder la situation du candidat sur son CV », explique-t-elle.
Même son de cloche des recruteurs à Paris. Anne-Sophie Luçon, Practice Manager Banque & Assurance chez Michael Page confie ne pas accorder beaucoup d’importance à la lettre de motivation. « Le ‘bloc de compétences’ en tête du CV a supplanté la lettre de motivation, mise à mal par les nouveaux supports utilisés pour candidater : job boards, réseaux sociaux, emails... », témoigne-t-elle.
Conclusion : inutile donc de suer à grosses gouttes pour produire votre prose – car elle sera presque certainement ignorée. « Un court message dans le corps d’un email constitue in fine une version édulcorée de la lettre de motivation d’avant », suggère Anne Sophie Luçon. L’essentiel est de concentrer vos efforts sur la réalisation de votre CV.
Quelques exceptions à la règle...
Faut-il pour autant laisser tomber complètement la lettre de motivation ? Les recruteurs assurent que vous aurez toujours besoin d'elle comme d’une formalité. C’est surtout vrai pour les candidatures spontanées envoyées directement aux employeurs, suggère la consultante parisienne. « Certains d’entre eux sont restés un peu ‘old school’, et apprécient l'envoi en version papier du CV accompagné de la lettre de motivation. Quoi qu'il en soit, cette dernière permet d’expliquer ici le pourquoi de votre candidature : votre intérêt pour la société, quelles compétences lui apporter… », précise-t-elle.
Ne pas lésiner sur la lettre de motivation vaut également pour d’autres cas, selon cette consultante : les jeunes diplômés et éventuellement les candidats plus seniors, pour lesquels rédiger soigneusement cette lettre permet de se démarquer.
Les étudiants en fin d’études peuvent également être amenés à rédiger une lettre de motivation. « Certaines banques demandent une lettre de motivation détaillée pour le formulaire de candidature en ligne de leur ‘graduade jobs, rappelle Victoria McLean, directeur général de City CV. Dans ce cas, ces jeunes candidats doivent très clairement mettre en avant leurs motivations à postuler pour tel poste, dans telle entreprise. Ils ont besoin de mettre en exergue quelque chose d'original - pas simplement un élément inspiré d’une info recueillie sur le site Web de la banque. Ce qui requiert potentiellement pas mal de temps ».
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