Journal d'un stagiaire en banque: « Tout le monde ici en est à son troisième été en banque d'investissement »
Comme chaque année en juillet, des milliers d'étudiants ont pris leur poste de stagiaire d'été dans les banques d'investissement de Londres. Si vous regardez attentivement, vous devriez les repérer facilement dans les cafés qui jalonnent Canary Wharf et la City, avec leurs costumes bon marché et leur choix de cravates plus ou moins douteux.
En théorie du moins... car en pratique, vous n'y parviendrez pas. L'époque du stagiaire naïf est révolue. Je suis stagiaire dans la division banque d'investissement (IBD) d'une grande banque européenne à Londres, et au sein de ma promotion, la plupart ont déjà au moins deux stages en corporate finance au compteur. Ils sont très stylés, avec des costumes et des cravates élégants. Et ils savent mettre à profit le temps passé ici.
En comparaison, je suis plutôt novice en la matière. Je manque encore d'expérience. J'ai déjà fait un stage dans une société de capital-investissement et passé quelques semaines d'observation dans des banques, mais la plupart de mes camarades sont déjà aguerris. Je suis plutôt une exception.
D'autres idées préconçues ont également la vie dure. Par exemple, tout le monde imagine que la plupart des summer analysts sont formatés, tout sortis d'Oxbridge ou LSE. Ces écoles sont certes bien représentées ici, mais en réalité, la diversité est grande, en particulier concernant les disciplines étudiées. On trouve en effet des étudiants en ingénierie, en biochimie, en droit et en économie, même s'il faut reconnaître que les sciences humaines sont sous-représentées.
La diversité parmi les stagiaires se retrouve d'ailleurs au-delà des études, dans l'éventail des nationalités. Je n'ai pas encore rencontré un stagiaire qui ne parlait pas au moins deux langues. Le Brexit n'a, semble-t-il, pas entamé l'appétit des banques pour embaucher des étudiants internationaux.
Au programme cette semaine : la transition - facile - vers le monde de la banque d'investissement. La formation a été à l'honneur : modélisation financière et bases du corporate finance, mise en place de nombreuses technologies sur le desk telles que Mergermarket, Capital IQ et autres systèmes. Et, bien que ce ne soit que ma première semaine de stage, j'ai déjà dû gérer au moins 50 courriels par jour.
Mais avant tout, cette première semaine est essentielle pour notre accueil au sein de l'organisation. Même si cela semble devoir couler de source, la banque fait vraiment tout son possible pour nous mettre à l'aise. Cela passe par des pots entre stagiaires, du réseautage avec le senior management ou encore la participation à des présentations d'entreprise pour nous faire une idée du fonctionnement de la banque.
J'ai passé quelques jours sur le desk, et jusqu'à présent, cela a été intense. En grande partie parce que tout le monde est très occupé - le dealflow dans mon activité est en plein essor et il a été difficile de parler aux gens. Mais, quand ils pouvaient se libérer pour une courte pause, tous ont cherché à nous aider. Comme vous le savez sans doute, les stagiaires sont rattachés à un « parrain » analyst, dont le rôle est de les guider dans leur travail. Mais j'ai aussi été approché par des associates, des VP et même des MD qui souhaitaient faire connaissance avec les stagiaires.
Autre chose qui risque de changer : les horaires de travail... Toute la semaine, les stagiaires ont quitté le bureau autour de 17 h 30, et on nous a même demandé de partir tôt vendredi. Ce week-end, c'est quartier libre, loin de la banque. Et j'ai bien l'intention d'en profiter !
James Roberts est le pseudonyme d'un stagiaire d'été, intégré à un desk M&A dans une grande banque d'investissement à Londres. Il partagera ici chaque semaine ses impressions sur son stage.
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