Relocalisations post-Brexit : Paris peine encore à attirer les banques de la City
Alors que Paris vient d'être sélectionnée pour organiser les JO de 2024 ou 2028, la capitale française semble avoir nettement plus de difficultés à convaincre les banques de la City de relocaliser une partie de leurs activités dans le sillage du Brexit. Pourtant la France a un nouveau président qui n'est pas l'ennemi de la finance et les pouvoirs publics ne ménagent pas leurs efforts pour vanter les mérites de la place parisienne.
Pour preuve, après avoir annoncé vendredi une série de mesures incitatives pour rebooster l'attractivité de la place, le Premier ministre Edouard Philippe est venu réaffirmer mardi, à l'occasion du 1er jour des Rencontres Financières Internationales de Paris Europlace, les dispositions qui seront intégrées dès le projet de loi de finance 2018 comme la suppression de la tranche marginale supérieure de la taxe sur les salaires appliquée au secteur bancaire ou bien la suppression de l'extension de la taxe sur les transactions financières aux transactions intra-journalières.
« Nous engageons une démarche résolue avec constance et détermination afin que l'attractivité de la Place de Paris soit renforcée par tous les moyens, et que Paris, l'Ile-de-France, et la France se portent mieux dans les années qui viennent. C'est pour nous un défi majeur », a ainsi déclaré Edouard Philippe en clôture de son intervention.
« Ces mesures constituent un ensemble très significatif qui répond aux attentes des entreprises internationales qui réfléchissent à la possibilité de relocalisations vers Paris », s'est félicité Gérard Mestrallet, président de Paris Europlace, qui a salué « le momentum historique » concernant la mise en place par le gouvernement, dans un délai particulièrement court, d'un plan d'action ambitieux pour l'attractivité de la Place de Paris, dans le contexte du Brexit.
Des banques encore frileuses...
Mais qu'en est-il dans les faits ? Les patrons de grandes banques présentes à la City ont fait le déplacement pour ces rencontres financières internationales réunissant plus de 2.500 participants de l'industrie financière européenne et mondiale, avec plus de 50 pays représentés. L'occasion de faire le point sur leurs intentions en matière de relocalisations.
Force est de constater qu'à ce jour, HSBC est la seule banque étrangère à avoir manifesté son choix de relocaliser 1.000 postes actuellement basés à Londres vers Paris. Et encore, rien n'est gravé dans le marbre. Son directeur général Stuart Gulliver, qui a pourtant jugé que les réformes annoncées par le gouvernement français étaient très positives, a précisé que ce transfert d'un millier de personnes aurait lieu « en cas de hard Brexit », « peut-être moins en cas de soft Brexit ».
De son côté, Jamie Dimon, le CEO de JP Morgan Chase n'a pas mentionné Paris lorsqu'il a évoqué l'éventualité de transférer « des centaines d'employés vers des centres européens où nous possédons des licences, Francfort, Dublin, Luxembourg ». Cela dit, « la localisation de l'entité juridique et celle des salariés sont deux choses différentes. Nous avons déjà les licences à Francfort. Nous allons probablement utiliser notre banque à Francfort, mais les collaborateurs pourraient être à Paris, aux Pays-Bas, à Madrid ou ailleurs dans l'UE », a-t-il poursuivi.
Enfin, un point positif même si ce n'est pas véritablement une surprise : la Société Générale a annoncé son intention de relocaliser une partie de ses effectifs londoniens vers Paris. « A la lumière des décisions prises par le gouvernement, nous concentrerons les relocalisations en France. Ce mouvement concernerait 300 à 400 postes sur les 2.000 actuellement à Londres », a déclaré son PDG Frédéric Oudéa. Toujours mieux que rien.
Paris à la traine ? Pas si sûr...
Dans la course aux relocalisations, le Luxembourg apparaît comme le grand gagnant selon un récent rapport du cabinet KPMG : 21 sociétés ont en effet annoncé la relocalisation d'une partie de leurs activités vers le Grand-Duché, loin devant l'Irlande (14 annonces), l'Allemagne (8 annonces), les Pays-Bas (4 annonces) la Belgique (3 annonces) et la France (1 annonce avec HSBC).
Source : KPMG Luxembourg
Mais selon une autre étude réalisée par le bureau londonien du cabinet EY et publiée mardi, la capitale française arriverait en quatrième position après Dublin (19 annonces), Francfort (18 annonces) et Luxembourg (11 annonces). Preuve que Paris n'a pas encore dit son dernier mot !
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