Choose France ! ou l'ultime opération séduction post-Brexit auprès des banques anglo-saxonnes
A l'occasion du sommet Choose France ! qui s'est tenu lundi au château de Versailles, certains patrons des plus grandes banques d'investissement anglo-saxonnes comme Lloyd Blankfein (Goldman Sachs), Stuart Gulliver (HSBC) Jamie Dimon (JP Morgan) ou Bank of America ont fait le déplacement, la veille même du Forum économique mondial de Davos qui débute ce mardi et durera jusqu'à vendredi.
En tout, ce sont 140 dirigeants qui ont échangé sur 140 projets pour la France, avec le Président de la République, le Premier ministre et 16 ministres. Environ 300 entretiens bilatéraux étaient prévus entre les chefs d’entreprises et les membres du gouvernement, les participants institutionnels mais aussi entre les dirigeants étrangers et français entre eux.
Si rien n'a filtré de ces échanges à hui-clos, le Premier ministre Edouard Philippe en a néanmoins profité pour annoncer de nouvelles mesures afin d'améliorer l'attractivité de la France et de la place financière de Paris, notamment dans le contexte notamment du Brexit. « Ces différentes réformes, présentées aux entreprises internationales, sont de nature à améliorer significativement l'attractivité de la place financière de Paris en Europe », s'est félicité Gérard Mestrallet, président de Paris Europlace.
Des cadres impatriés aux petits soins
La mesure qui devrait la plus ravir les patrons de banques américaines présentes à Londres est sans conteste l'exonération temporaire d'affiliation aux régimes de retraite pour les cadres impatriés. Elle s'inscrit dans la réduction indispensable des charges sociales et du coût du travail sur la Place de Paris, par comparaison avec les autres places européennes, et notamment l'Allemagne.
Parmi les autres mesures, on retiendra la mise en place de nouvelles Chambres internationales spécialisées auprès du Tribunal de Commerce de Paris et de la Cour d'appel de Paris pour permettre de juger des affaires de droit international, ce qui confortera la position de Paris comme centre de droit financier international.
Ou bien encore le développement de l'offre scolaire internationale, avec la création de nouveaux lycées internationaux, l'augmentation des places dans les lycées existants, l'ouverture de nouvelles classes bilingues et de cycles de formation en anglais, en liaison avec le Ministère de l'Education nationale. Là aussi, Francfort semble avoir pris une sérieuse longueur d'avance....
La boucle est bouclée...
Ces mesures viennent s'ajouter aux réformes déjà engagées par le nouveau gouvernement, depuis l'élection d'Emmanuel Macron, et votées fin 2017 par le Parlement, afin d'améliorer la compétitivité de la France, en Europe et dans le monde. Il s'agit notamment des ordonnances « droit du travail », visant à décentraliser les procédures de négociations sociales, améliorer la flexibilité des lois du travail en France, assouplir et réduire le coût des procédures de licenciement.
Ou bien des nouvelles mesures fiscales, inscrites dans la Loi de finances 2018, comme l'accélération de la trajectoire de baisse du taux d'impôt sur les sociétés à 25%, la suppression de l'ISF pour les investissements en fonds propres des entreprises, la création d'un prélèvement forfaitaire unique à 30% sur les différentes formes d'épargne investie, dès 2018. Sans oublier la suppression de la tranche marginale de la taxe sur les salaires. La séduction a un prix.
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