Pour le COO de Goldman Sachs, le télétravail pourrait être néfaste à la culture d’entreprise
Goldman Sachs n’est pas pressée de faire revenir ses collaborateurs au bureau. La banque vient juste de rouvrir son bureau parisien, accueillant seulement 20% des effectifs présents avant la pandémie. Un mémo diffusé début mai par le CEO David Solomon, le CFO Stephen Sheer et le COO John Waldron indiquait que Goldman Sachs ne prévoyait pas de réintégrer dans ses locaux plus de 50% de ses effectifs tant que le virus serait encore en circulation. Néanmoins, le télétravail pourrait présenter des inconvénients qui se font plus visibles à mesure que sa durée s’allonge.
Durant son intervention hier à la Bernstein Strategic Decisions Conference, John Waldron a déclaré que la généralisation du télétravail pourrait impacter négativement le « modèle d’apprentissage » de Goldman. En temps normal, les employés de la banque travaillent à proximité immédiate les uns des autres, et s’entraident à évoluer grâce au mentorat et aux relations interpersonnelles, a-t-il expliqué.
« C’est beaucoup plus difficile à mettre en place dans le contexte actuel. J’ai peur que le modèle d’apprentissage n’en pâtisse à la longue. »
Les commentaires de John Waldron font écho à ceux de Paco Ybarra, qui dirige la banque d’investissement de Citigroup. Dans une interview accordée au Financial Times le week-end dernier, il racontait que les banques ont pu fonctionner correctement avec la plupart de leurs effectifs en télétravail grâce au capital humain et social accumulé quand les employés étaient présents au bureau. « Mais la dépréciation de ce capital deviendra visible à un moment ou à un autre, et là, on commencera à voir les problèmes, » prédisait-il. Et ces problèmes toucheront entre autres à l’apprentissage, ajoutait-il.
Malgré ses réticences vis-à-vis du télétravail, John Waldron confiait hier que Goldman opterait probablement à l’avenir pour un « modèle plus ouvert à la répartition ». A ce jour, environ 30% des effectifs de la banque travaillent depuis des « sites stratégiques » comme Salt Lake City, Bangalore et Varsovie, précisait-il. A l’avenir, une proportion plus importante pourrait être amenée à travailler loin des centres névralgiques de la finance à mesure que le nombre de télétravailleurs augmente.
John Waldron a confirmé la solidité des revenus de Goldman et indiqué que les objectifs étaient atteints ; il a également précisé qu’il n’était pas prévu d’augmenter les réductions de coûts de 1,3 milliard de dollars sur trois ans, annoncées lors de sa Journée Investisseurs en janvier dernier. Pour autant, la pandémie a mis en évidence de nouvelles opportunités pour améliorer l’efficience.
« Il ne fait aucun doute que nous apprenons énormément en matière d’efficience opérationnelle, » a-t-il indiqué en référence à l’expérience vécue durant la crise sanitaire. Les deux derniers mois ont permis de démontrer que Goldman était en mesure de lancer l’automatisation et la transformation des process plus rapidement qu’il n’avait jamais été envisagé, a-t-il ajouté. En conséquence, dit-il, Goldman a écarté la nécessité d’une « intervention humaine » dans certains domaines où l’humain était auparavant considéré comme indispensable.
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