« Mes horaires infernaux de trader ont fini par me valoir un traitement médical »
Quand Tracy Timm a quitté son job en credit sales chez RBS à Stamford il y a huit ans, elle n’allait vraiment pas bien. « Je faisais du CrossFit et je mangeais correctement, mais je buvais vraiment beaucoup trop et je brûlais littéralement la chandelle par les deux bouts, » confie-t-elle aujourd’hui. « Je me couchais tous les soirs avec deux téléphones, et j’étais tellement surexcitée dans la journée que je prenais du Nyquil presque toutes les nuits pour me calmer. »
Au bout de deux ans à un poste de junior marchés, Tracy Timm a développé un problème thyroïdien et s’est vu prescrire un traitement contre l’hypothyroïdie – un problème qu’elle n’avait jamais connu auparavant et qu’elle n’a plus depuis son départ. « Le stress m’a conduite à développer quelque chose qui nécessitait la prescription d’un traitement. J’ai aussi ressenti des symptômes physiques de l’anxiété, qui me provoquait des picotements dans le dos et le bras gauche. »
L’histoire de Tracy Timm sonne comme une mise en garde dans un secteur où justement les mises en garde sont loin d’être rares. Ce qui différencie la sienne, c’est que la décrépitude mentale et physique s’est installée après un job en salle des marchés, plutôt qu’après un passage par l’environnement exténuant que constitue une division de banque d’investissement.
« Tous les matins, on était là à 6 h 30 pour la réunion de 7 h, et on restait au moins jusqu’à 6 ou 7 h tous les soirs, » raconte Tracy Timm. « Je ne suis pas du matin, et j’en ai vraiment souffert… »
Elle précise que les jobs en vente et trading sont épuisants en soi. Les journées de travail de 12 heures sont marquées par « un énorme volume de travail émotionnel » et on gère des millions de dollars. « J’avais 22 ans, et des clients deux fois plus âgés que moi qui me demandaient de faire des choses que je ne comprenais pas. C’était totalement accablant d’aller bosser tous les jours. »
L’un des ses meilleurs amis, alors banquier chez Morgan Stanley, qui travaillait de 9 h à 2 h du matin, l’a persuadée de laisser tomber : « Il m’a dit ‘si tu n’es pas satisfaite de ton job, alors tôt ou tard, quelqu’un le verra et comprendra. Si tu pars maintenant, ce sera à tes conditions, mais si tu es vraiment malheureuse, ton job en pâtira un peu plus chaque jour et quelqu’un finira par décider pour toi.’ C’est l’un des meilleurs conseils qui m’ait jamais été donné. »
Aujourd’hui, Tracy Timm est coach en carrière et auteure, et s’est donnée pour mission d’aider les autres, inadaptés comme elle à la finance, à éviter de se consumer. « J’avais presque terminé mes études à Yale et honnêtement, je suis entrée dans la finance parce que je ne savais pas quoi faire d’autre, » poursuit-elle. « J’étais sur la corde raide, m’évertuant à rester au top parce que c’est ma nature, tout en sachant que ce n’était pas vraiment là où je voulais être. Je me fichais éperdument de ce que nous faisions, et je vivais dans une dissonance cognitive permanente. »
Finalement résolue à démissionner, elle confie qu’à l’annonce de son départ, son boss et ses collègues ont été surpris de sa décision. « Ils étaient sidérés. Mon boss m’a dit ‘ on a vraiment besoin de toi et on va tout faire pour que tu restes. On va te proposer toutes les formations que tu veux ou te faire rencontrer les RH ou te trouver un autre poste.’ J’ai fini par rester deux mois et demi de plus. »
Pour qui a une réelle passion pour les marchés financiers, Tracy Timm reconnaît que le trading offre de belles perspectives de carrière. Mais si vous n’êtes qu’un étudiant brillant en quête du prochain obstacle à franchir, soyez prudent. « Mon conseil aux jeunes est de prendre en considération leurs attentes, » dit-elle. « J’avais trop peur de sortir de la fac sans avoir de job, trop peur aussi de ne pas gagner assez d’argent pour regarder soigneusement là où je mettais les pieds. J’ai pris une décision de carrière fondée sur la peur, et ça n’a pas marché. »
Crédit photo : Danilo Alvest sur Unsplash
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