Ce banquier de 57 ans aux implacables journées de 18 heures
Andrea Orcel a fait l’objet de nombreux articles pour son ardeur au travail. L’homme aime à se lever à 5 h du matin, aboyer ses ordres à son équipe à 6 h et travailler jusque tard dans la nuit. Pour l’exercice physique, il a couru pendant des années sur les collines de Zurich afin d’en retirer le bénéfice maximum. En réunion, on l’accuse d’exploser de rage si quelqu’un s’avise de le contredire. Il veut être le meilleur, et n’est guère porté sur la tolérance envers la médiocrité.
Alors qu’il est aujourd’hui âgé de 57 ans, d’aucuns espèrent qu’il se soit quelque peu adouci. Même s’il n’en est pas encore à s’asseoir en pantoufles au coin du feu, peut-être se lève-t-il maintenant à
7 h pour s’occuper de choses et d’autres avant d’envoyer ses premiers mails poliment tournés ?
Les banquiers d’Unicredit ne vont pas tarder à le savoir. Le Financial Times indique qu’Andrea Orcel s’apprête à prendre les rênes d’Unicredit à l’issue de l’assemblée générale annuelle de la banque ce 15 avril. C’est l’apogée de sa carrière : ce banquier d’investissement FIG (financial institutions group) de métier n’a jamais été CEO d’une banque dans son intégralité. Pour Unicredit, cela pourrait être un choc.
Les banquiers d’Unicredit ont déjà été quelque peu secoués par le passage du prédécesseur d’Andrea Orcel, l’ancien parachutiste Jean-Paul Mustier, comme le raconte un banquier européen au FT : « Ces gars-là ont déjà fait un semi-marathon sous l’ère Mustier - il a dû imposer de vastes changements à la culture d’entreprise. Son approche était plus agressive, sans commencer à 5 h du matin, mais peut-être à 7 h. » Pourtant, l’arrivée d’Andrea Orcel pourrait susciter quelques nouvelles frictions : une consultation rapide des avis relatifs à Unicredit sur Glassdoor donne une idée des nombreuses récriminations autour des salaires et de la progression de carrière particulièrement lente, tempérées toutefois par les éloges sur le rythme de travail ‘tranquille’ et le bon équilibre vie professionnelle/vie privée.
De ce point de vue, Unicredit apparaîtrait presque comme l’employeur idéal pour les juniors de Goldman Sachs. Mais aussi comme un repaire regorgeant d’employés plutôt décontractés et parfaitement hostiles à l’approche d’Andrea Orcel.
Si son intention est de pousser les équipes d’Unicredit à travailler plus, Glassdoor laisse entendre qu’il pourrait devoir augmenter les salaires. Compte tenu de son enthousiasme à obtenir les meilleurs retours sur investissement, cela ne semble guère envisageable. Le problème est justement qu’Andrea Orcel lui-même sera très bien payé chez Unicredit, avec un salaire annuel de 7,5 millions d’euros – contre les 911k € prévus pour Jean-Paul Mustier sur l’année 2020. Et c’est bien ce décalage qui pose problème : s’il est lui-même hautement motivé par l’un des plus beaux packages du secteur (en Europe du moins), son armée de lieutenants et de fantassins est payée à des niveaux en cohérence avec leur rythme de travail… S’il refuse d’augmenter les salaires, Andrea Orcel pourrait recruter quelques anciens banquiers d’UBS à des conditions beaucoup plus avantageuses pour donner le ton – ou accepter de réduire sa propre rémunération et revoir son mode de travail en conséquence. Ce serait bien dans l’air du temps…
Crédit photo : blocks sur Unsplash
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