La vérité sur ma vie de développeur en banque d’investissement
Ces dernières années, bon nombre d’acteurs majeurs des services financiers ont tenté de se repositionner comme des acteurs de la tech. Si vous êtes développeur, il est généralement plus attirant de travailler pour les géants de la tech que pour une banque, et les banques le savent. C’est pourquoi elles n’hésitent pas à faire état de leurs milliards de dollars d’investissements annuels en technologie pour prouver l’importance qu’elles lui accordent.
Pourtant, moi qui suis développeur dans une banque, je peux vous dire que pour le moment du moins, la réalité est bien différente.
La plupart des développeurs en banque d’investissement entrent dans le centre de coûts
« Technologie ». Et la distinction est d’importance dans le système bancaire. En tombant de fait dans les centres de coûts « technologie générale » ou « technologie et opérations », vous vous rendrez compte qu’aux grades inférieurs à managing director (MD), votre salaire comme vos opportunités sont extrêmement limités. Et vos chances de passer MD sont tout aussi minces : la majorité des développeurs se retrouvent prisonniers de « l’enfer du VP ». Les recrutements au niveau MD sont généralement limités aux embauches de transfuges d’autres banques, ce qui peut s’avérer particulièrement démoralisant si vous êtes encore au bas de l’échelle. De nombreuses descriptions de postes font état de fonctions en « technologie front office », mais ne vous laissez pas avoir : la technologie front office reste une partie du back office. – C’est sans doute un peu mieux payé que la plupart des autres postes en technologie, et vous bénéficierez d’une exposition sensiblement plus importante au côté business – un point essentiel si vous envisagez à un moment ou un autre de passer de l’autre côté de la barrière.
La bonne nouvelle, c’est que le travail en lui-même peut être varié, et si vous parvenez à décrocher un poste sur un tout nouveau projet d’envergure, vous apprendrez beaucoup et très vite. La mauvaise nouvelle, en revanche, c’est que ce type de poste constitue plus l’exception que la règle. Attendez-vous à passer parfois des journées entières sur des bases de code hérité pour trouver l’origine d’un problème, même si le code n’a pas changé depuis cinq ans. Compte tenu de l’énorme turnover dans le secteur, des milliers de personnes auront parfois pu travailler sur une seule plateforme ; de ce fait, les normes de code et la documentation peuvent parfois sembler inexistantes, surtout si la plateforme est écrite en Python.
Et puis, il y a la technologie en elle-même. Les banques ont tendance à prendre leur temps avant d’adopter le nouvel espace de technologie, choisissant souvent de conserver pendant des années des systèmes obsolètes plutôt que de construire de nouvelles plateformes ou de mettre à jour les bibliothèques couramment utilisées. Sans compter que beaucoup d’entre elles, en particulier les plus grandes, préfèrent tout concevoir en interne – des bases de données aux langages de programmation eux-mêmes ; à tel point que si vous êtes de ceux qui aiment travailler avec des outils de pointe, assurez-vous d’avoir bien conscience de là où vous mettez les pieds avant de signer au bas de la page.
En termes de rémunération, un développeur VP très performant, avec 10 à 15 ans d’expérience, employé dans une banque américaine du Tier-One, pourra sans doute empocher 150k £ / près de 175k € par an sur le marché britannique. Soit le même niveau de salaire qu’un employé de front office trois ans après sa sortie de l’école, et certainement bien moins que ce à quoi vous pourriez prétendre chez l’un des géants de la tech. Les salaires sur ce créneau sont sensiblement supérieurs aux États-Unis, où la demande en technologues est encore plus importante qu’au Royaume-Uni.
Il existe pourtant quelques belles opportunités pour les développeurs en banque. Recherchez les postes de développement en front office qui entrent dans les fonctions de trading et quant. Vous pourrez y passer le plus clair de votre temps à écrire du code, sans crouler sous la bureaucratie (encore qu’elle n’ait pas totalement disparu) ni voir vos opportunités limitées comme quand vous développez une technologie pour des domaines tels que le risque et la conformité, même si les compétences sont comparables. On peut passer facilement d’une équipe à l’autre, et c’est un bon point. Et il y a également de belles opportunités dans les équipes dédiées à l’intelligence artificielle et au machine learning, qui tendent à fonctionner en vase clos, hors du domaine générique de la technologie.
En conclusion, les banques ne sont pas des entreprises tech, et les développeurs en banque ne sont toujours pas traités sur un pied d’égalité avec les « générateurs de revenus ». Si vous démarrez une carrière de développeur en finance, vous pourriez d’abord travailler en hedge fund. Les fonds ont tendance à être plus ouverts à l’utilisation de technologies récentes ; et vous y aurez aussi plus de chances de travailler en full-stack plutôt que sur une partie délimitée de l’ensemble. Les horaires de travail en hedge funds sont assez similaires à ceux des banques, voire un peu supérieurs, mais si vous êtes très bon, vous serez très bien payé – il n’est pas rare de toucher des bonus correspondant à 50-100% du salaire de base.
Abel Parker est un pseudonyme.
Crédit photo : Nubelson Fernandes sur Unsplash
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