Les conseils de l’ex quant de Goldman Sachs parti pour YouTube
Quand Sergei Perfiliev a quitté Goldman Sachs au bout de quatre ans en mai dernier, il a partagé via son compte Twitter quelques réflexions sur sa carrière.
Il y indiquait entre autres que la fonction de quant n’est pas tout à fait aussi glamour qu’on pourrait le penser. D’abord, elle ne se limite pas à la modélisation : la principale responsabilité d’un quant est « d’aider les traders à calculer correctement les prix et les risques de leur carnet d’ordres ; » si c’est mal fait, cela devient une obsession pour toute l’équipe – même à une heure du matin.
Pour Sergei Perfiliev, il peut être assez simple de sortir les bons chiffres, mais cela peut aussi nécessiter de « passer quelques heures ou jours à déboguer un large éventail d’entrées différentes générant un chiffre unique. » Dans le même temps, tout ou presque relève de l’extrême urgence. « Chaque demande concerne une transaction en temps réel de 100 millions de dollars, et il faut le prix pour hier. » Et d’ajouter que la transaction est généralement effectuée avant même que le problème ait été clairement identifié.
Dans ce type d’environnement, le temps pour parfaire le code est limité, et celui consacré à fournir les éléments à la direction est énorme. Les journées peuvent être très volatiles : « parfois, c’est calme, et on est seul face à son code. Et parfois aussi, c’est la routine qu’on n’oublie jamais, comme le vélo, mais en enfer, » raconte Sergei Perfiliev.
On ne sait pas vraiment si ce sont là toutes les raisons qui l’ont motivé à quitter Goldman, mais le fait est qu’il n’y travaille plus. Il gère aujourd’hui sa propre chaîne YouTube consacrée à la formation en finance. Plutôt que d’interroger un quant sur sa façon de gérer sa carrière, nous nous sommes entretenus directement avec lui (qui était en réalité stratégiste). Voici ce qu’il nous a confié…
Pourquoi avez-vous quitté votre poste de quant chez Goldman Sachs ?
En fait, il était temps pour moi de bouger et de passer à autre chose. Je pensais avoir acquis une certaine expérience en finance au cours des dix dernières années et je voulais enseigner pour partager ces connaissances. J’ai donc monté une société de formation en finance, et c’est l’activité sur laquelle je me concentre maintenant.
Votre chaîne YouTube constitue-t-elle une activité à plein temps ?
Actuellement oui. Même si le projet principal tourne autour de la formation en finance, les étudiants ou les clients se font rares lorsqu’on démarre une activité et que personne ne vous connaît vraiment.
Je pensais qu’une chaîne YouTube serait un bon moyen de me présenter, de montrer ce que je sais faire, partager une partie de mes connaissances, et me constituer un public ou au moins un groupe de followers pour commencer. Si cela fonctionne bien, je pourrai effectivement envisager de démarrer des formations.
Comment définiriez-vous la différence entre un quant et un strat ?
Il existe bien un chevauchement significatif entre les deux, du fait que tous deux se concentrent sur la construction de modèles mathématiques ou d’outils destinés à relever divers défis au sein des marchés financiers.
De nos jours, les fonctions de quant/strat sont très proches et les frontières ont bougé au point de s’estomper.
À mon sens, au quotidien, un quant se concentrera plus sur les mathématiques financières et le développement de modèles, alors qu’un strat aura un peu plus de responsabilités en matière de développement logiciel. Mais il n’est pas rare que les deux termes soient interchangeables.
Avez-vous été « desk quant » ?
Chez mon dernier employeur, le terme officiel pour les quants était « stratégistes » ou « strats ». L’expression « desk strat » serait donc sans doute plus appropriée. Dans ce contexte, nous fonctionnions comme un desk ventes/trading et étions d’ailleurs à côté d’eux en salles des marchés.
La fonction de quant présente-t-elle des avantages ? La plupart des quants développent-ils de nos jours des modèles de risque ?
Occuper une fonction de desk strat est certainement un gage de très bonne exposition à l’aspect business des choses et des forces qu’il vous faut comprendre et prendre en compte par rapport aux motivations commerciales liées à votre activité, quelle qu’elle soit. Nous travaillions régulièrement avec les vendeurs et traders pour traiter divers problèmes et pouvoir lancer de nouveaux produits et de nouvelles fonctionnalités.
Le développement de modèles de risque n’est plus aussi courant qu’il l’a été par le passé, et de nombreux quants aujourd’hui consacrent aussi une partie de leur temps à développer de nouveaux outils et de nouvelles applications, à analyser des données ou automatiser les process…
La plupart des modèles mathématiques de pricing existent déjà et ne nécessitent plus que l’assistance de quelques quants.
Faut-il un doctorat pour devenir quant ?
Un doctorat peut aider, certes, mais ce n’est pas essentiel. Un diplôme de master est suffisant tant que le domaine est pertinent, comme les mathématiques, la physique, l’informatique ou encore la finance mathématique ou quantitative.
Si la personne est capable de démontrer de solides compétences en mathématiques financières et en programmation, cela devrait suffire. Personnellement, je trouve un peu exagéré de faire un master en physique juste pour décrocher un poste de quant. Néanmoins, cela aide à sortir du lot face aux autres candidats.
Le compte YouTube Perfiliev Financial Training est accessible via ce lien.
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