Une employée de Big Four de 33 ans retrouvée morte par ses collègues
Des employés d’EY à Sydney ont eu fin août la pire vision possible en retournant au bureau autour de minuit : l’une de leurs collègues, qui avait participé à un événement d’entreprise plutôt dans la soirée et avait été vue complètement affolée hors des bureaux, était tombée d’une terrasse du 10è étage sur l’auvent en bois et verre surplombant l’entrée principale. Il semble que la chute ait été délibérée.
À mesure que l’on découvre les détails de la tragédie, des questions se posent sur les conditions de travail chez les Big Four et sur le statut d’immigrée de la femme en question.
Si EY a été mis hors de cause dans le décès d’Aishwarya Venkatachalam, David Larocca, le CEO du cabinet en Australie, déclare que la société « mène actuellement une enquête interne circonstanciée et de grande envergure portant sur la santé, la sécurité dans tous ses aspects, les événements sociaux en lien avec notre personnel. » Aishwarya Venkatachalam participait à l’un de ces événements, organisé par le cabinet le vendredi soir précédant sa mort ; elle avait apparemment été raccompagnée hors du bar où se tenait la soirée pour cause d’ébriété. Elle a ensuite été retrouvée complètement affolée sur le parking extérieur des locaux d’EY, prétendant avoir laissé la clé de son domicile au bureau et ne pas avoir été autorisée à entrer pour la récupérer.
Aishwarya Venkatachalam était auditrice senior en assurance immobilière. Si rien n’indique clairement que les conditions de travail chez EY aient un lien quelconque avec sa mort, la tragédie a conduit certains à mettre en avant le temps de travail chez les Big Four, en particulier durant les mois de forte activité pour les auditeurs – à savoir entre juin et septembre en Australie. Témoignant sur Reddit, un ex-auditeur de PWC déclarait qu’il n’y avait rien d’inhabituel à travailler jusqu’à 2 ou 3 h du matin les jours de semaine pendant trois semaines d’affilée, et 8 heures le samedi. Un director d’EY indique que la norme tourne autour de 65 heures par semaine hors de la pleine saison.
Tout ceci soulève également des questions sur le découragement des détenteurs de visa employés chez les Big Four. Aishwarya Venkatachalam était citoyenne indienne, diplômée du Symbiosis College of Arts & Commerce de Pune, dans l’ouest de l’Inde, et travaillait pour Grant Thornton à Bangalore avant de rejoindre EY en Australie en novembre dernier. Comme l’indiquait cet article la semaine dernière, les Big Four ont largement recours à travers le monde aux ressortissants indiens titulaires de visas, mais ne parviennent pas à les faire évoluer, par le biais des promotions, au-delà des niveaux finalement assez juniors, tout en exerçant sur eux une forme de pression du fait que le visa est souvent lié spécifiquement au poste qu’ils occupent.
« Si on est sponsorisé et qu’on part sans travail derrière, on ne remplit plus les conditions d’obtention du visa et on peut être expulsé, » écrit un observateur sur Reddit. « Il faut d’abord trouver un autre employeur pour sponsoriser le visa, mais cela peut coûter plusieurs milliers de dollars, si bien que peu d’employeurs sont prêts à le faire. » En conséquence, les employés de Big Four dépendant d’un visa sont piégés, conclut-il.
Le soir précédant sa mort, Aishwarya Venkatachem aurait accusé les blancs de méchanceté et de racisme, ajoutant que tout le monde « était méchant avec elle à son bureau ». EY propose une assistance psychologique à l’ensemble de son personnel et apporte son soutien à la famille d’Aishwarya Venkatachalam.
Crédit photo : Ti David von D m Mossholder sur Unsplash