À 27 ans, elle apprend aux banquiers à serrer des mains
Lisa Tyshchenko détient à 27 ans un diplôme d’élite qui lui confère une expertise utile à qui veut grimper les échelons dans les services financiers. Ce n’est pas un MBA, ni même un niveau I du CFA®. C’est un diplôme en IEP – autrement dit International Etiquette & Protocol – délivré par une finishing school d’élite en Suisse.
En 2021, Lisa Tyshchenko a passé six semaines à l’Institut Villa Pierrefeu (I.V.P.), à Glion, un petit village proche de Montreux ; elle y a été formée à l’art de la conversation, des réunions d’affaires, des dîners ou déjeuners formels, des codes vestimentaires, du maintien, de la réception et aux différences subtiles entre les cultures. Et elle s’occupe depuis à partager avec des banquiers, en poste ou en devenir, la sagesse qu’elle y a acquise, le tout contre rémunération bien sûr.
« Autrefois, l’essence d’une finishing school se résumait à enseigner les bonnes manières et les indispensables pour être une bonne épouse, » raconte-t-elle. « C’est bien la raison pour laquelle beaucoup d’entre elles ont disparu, mais celle-là est différente : on parle d’un diplôme complet en étiquette, dans un contexte de business international. »
L’Institut Villa Pierrefeu, qui a fait l’objet d’un reportage du New Yorker en 2018, se veut « la dernière finishing school suisse. » Il compte parmi ses anciennes étudiantes la princesse Diana et Carla Bruni-Sarkozy. Il est généralement fréquenté par des femmes, quoique certains cursus (the ‘European Art of Dining’) soient également prisés des hommes. Dans des préceptes tels que ‘il se peut que les personnel engagés ne sachent pas lire, il est donc de bon ton de transmettre ses instructions oralement plutôt que par le biais d’un planning imprimé,’ le New Yorker avait perçu la fonction de l’école comme une forme de coaching non pas dans l’art de gagner de l’argent, mais ‘dans les gestes qui portent à croire qu’on en a hérité’.
C’est ce qui en résulte en termes d’attitude qui, selon Lisa Tyshchenko, fait toute la différence dans les entretiens et les postes en banque. « J’apprends à mes clients à faire forte impression, » dit-elle. « Comment serrer la main, comment se présenter, comment parler au responsable du desk, comment avoir une conversation légère sans paraître lourd, comment présenter les gens… »
Pour ceux qui n’ont jamais eu la moindre formation dans ce domaine, Lisa Tyshchenko précise que tout cela peut être source de comportements inappropriés et de signaux incorrects. Les femmes ont tendance à avoir une poignée de main trop molle, les hommes trop vigoureuse ; les gens qui portent des bagues peuvent blesser par inadvertance les personnes dont ils serrent la main, ce qui ne constitue pas forcément un bon départ. Savoir tout cela vous fera sortir du lot : « les gens acquièrent la confiance nécessaire pour se comporter de manière appropriée en toutes circonstances. »
Lysa Tyshchenko elle-même ne peut pas se prévaloir d’avoir appliqué directement ses préceptes dans le secteur bancaire, mais elle y a réellement travaillé avant de passer son diplôme. D’abord intégrée au programme de gestion de fortune de Deutsche Bank en 2020, elle a ensuite exercé en banque privée à Genève. Elle a monté sa structure de coaching en septembre 2021, cinq mois après avoir quitté CIM Banque.
Comprendre l’étiquette fait toute la différence dans les entretiens en banque, explique-t-elle. C’est utile lors des premiers entretiens d’évaluation, ou encore durant les assessment centres. Certaines de ses suggestions s’apparentent à la gestion du langage corporel (ne pas croiser les bras ni les jambes). D’autres sonnent un brin sexistes (les femmes devraient entrecroiser leurs doigts, tandis que les hommes devraient poser leurs mains sur les accoudoirs du fauteuil). Mais elle affirme que tout cela fonctionne et que ses clients peuvent attester de l’efficacité de ses recommandations : « Tous y voient bien plus qu’un entretien et des astuces techniques ; ce sont des leçons de vie. »
Bien sûr, les passionnés de l’étiquette internationale pourront toujours suivre les cours de l’I.V.P., mais ce n’est pas donné. Lisa Tyshchenko confie que les seuls frais de scolarité lui ont coûté 25k $, auxquels se sont ajoutés 5k $ pour les dépenses quotidiennes. Certains des participants de sa promotion vivaient à l’hôtel et ont dépensé au total entre 60k et 70k $. Ce qui met une courte période à l’I.V.P. peu ou prou au même prix qu’un Master en Finance. Sauf que tout le monde aujourd’hui a un master en finance. Alors que ce n’est pas donné à n’importe qui de savoir comment avoir l’air « distingué » ou comment exécuter la poignée de main parfaite…
Have a confidential story, tip, or comment you’d like to share? Contact: sbutcher@efinancialcareers.com in the first instance. Whatsapp/Signal/Telegram also available (Telegram: @SarahButcher)
Bear with us if you leave a comment at the bottom of this article: all our comments are moderated by human beings. Sometimes these humans might be asleep, or away from their desks, so it may take a while for your comment to appear. Eventually it will – unless it’s offensive or libelous (in which case it won’t.)