« Pas facile d’être banquier junior sans emploi sur un marché difficile »
Les jeunes qui seront à la recherche d’un emploi en banque en 2023 pourraient avoir des surprises. Toutes celles et ceux arrivés dans le secteur au cours des deux dernières années n’ont pas la moindre idée de ce à quoi ressemble un marché en berne. Je suis passée par là.
Je suis maintenant VP, mais j’étais associate au début de la pandémie. Brusquement, je me suis retrouvée sans emploi. Et ça n’a pas été simple d’en trouver un autre.
Il y avait des tonnes de candidats sur le marché, et les recruteurs nous traitaient tous extrêmement mal. J’étais considérée comme discréditée du seul fait que j’avais été licenciée – personne ne voulait me parler. J’ai passé des entretiens pour plus de 100 postes et ça n’a rien donné. On me disait en fait que je ne serai pas réembauchée parce que j’avais été licenciée.
Tout a changé à la mi-2021. Soudain, il y a eu une énorme pénurie de candidats. Le marché du M&A était reparti à la hausse dans des proportions inattendues et il n’y avait tout simplement pas assez de banquiers juniors pour répondre à la demande. À Londres, la situation était encore pire en raison du Brexit – beaucoup de jeunes banquiers originaires d’Europe continentale étaient repartis chez eux et le nombre de candidats poursuivait sa baisse.
Les recruteurs qui avaient refusé de me parler ont commencé à m’appeler. De belle ignorée, je suis devenais soudain encensée. Plus personne ne posait de questions techniques pendant les entretiens, et les candidats comme moi, avec déjà une expérience professionnelle, ont pu revenir. Du jour au lendemain, j’ai reçu sept propositions, dont certaines de la part de grandes banques d’investissement américaines.
Aujourd’hui, le marché repart à la baisse. Et bien des gens arrivés dans le secteur bancaire au cours des deux dernières années sont sur le point de vivre une nouvelle expérience.
Beaucoup d’entre eux sont très vulnérables. J’étais déjà dans le secteur avant le COVID et j’avais reçu une solide formation ; mais dans la ruée des banques pour recruter en 2021, elles ont embauché des juniors partout où elles le pouvaient, sans vérifier leurs compétences techniques. En conséquence, il y aujourd’hui dans notre équipe des éléments qui certes, sont là depuis un an, mais continuent de demander ce qu’est un EBITDA. Et le fait que beaucoup de ces jeunes ont été mal formés à l’époque du télétravail intégra, en pleine pandémie, n’arrange rien à l’affaire.
À ce stade, personne ne sait exactement ce qu’il adviendra des revenus en banque d’investissement l’an prochain. Mais il y a un risque qu’ils ne se remettent pas de sitôt des plus bas historiques de cette année, et que les banques s’engagent dans des actions bien plus drastiques pour réduire leurs coûts au premier trimestre. Quand elles le feront, on pourrait revenir aux conditions de marché de 2021. Je suis passée par là, et la perspective est effrayante.
Amanda Besnard est un pseudonym.
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