Les comptables des Big 4 s’élèvent contre les semaines de 80 heures payées une misère
Si vous venez de terminer vos études et commencez à travailler en M&A ou marchés de capitaux pour une grande banque d’investissement, vous aurez des horaires à rallonge. Mais vous gagnerez aussi beaucoup plus que les gens de votre âge : aux États-Unis, la rémunération totale (salaire + bonus) des analysts de première année dans les grandes banques variait l’été dernier de 135k à 205k $ : au Royaume-Uni, certaines banques paient aujourd’hui leurs analystes 70k £ / 80k € (salaire seul, hors bonus). Voilà de quoi faire passer la pilule des semaines de 80 heures.
Mais quid de ceux qui font des journées interminables pour une partie seulement de la rémunération en banque ? C’est bien là le problème des juniors en expertise comptable chez les Big 4 (KPMG, EY, Deloitte et PWC), où les journées peuvent être sans fin pour une maigre rémunération.
Selon un article du Financial Times, c’est la réalité à laquelle sont confrontés les employés des Big 4 en Espagne. En 2021, un groupe d’auditeurs de deuxième année chez EY à Barcelone, âgés de 23 à 25 ans, se serait plaint de la fatigue générée par des semaines de 84 heures pour des salaires de 24k € par an, indiquant que le rythme serait intenable. La difficulté aurait coïncidé avec un manque de personnel, un turnover élevé et l’arrivée de la « haute saison », quand les comptes des clients doivent être clôturés pour être présentés aux investisseurs. L’un des juniors de l’époque se plaignait alors du manque de déconnexion manifeste entre ses attentes et la réalité : « quand on signe, on se voit comme le Loup de Wall Street, » racontait-il. « Mais quand ils viennent sur le campus, ils ne nous disent pas qu’on aura des journées de 14 heures, avec parfois, même pas le temps de manger. »
L’Espagne est en passe de s’attaquer au problème. Pour Yolanda Diaz, la ministre du Travail et de l’Économie sociale, également membre du Parti Communiste d’Espagne, une enquête est en cours sur les « excès et les abus des heures supplémentaires ». Les Big 4 eux-mêmes avaient déjà cherché à modifier ces pratiques, mais dans leurs récriminations, les juniors évoquaient des solutions inappropriées : d’un côté, on leur donnait des « astuces pour déconnecter », mais de l’autre, on leur demandait de finir le travail sans prendre de pause.
Un banquier senior espagnol a déclaré au FT que les jobs en banque étaient probablement la meilleure option, avant d’ajouter que les juniors des Big Four « se tuent au travail » pour « une fraction » de la rémunération d’un banquier.
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Photo Credit: eFinancialCareers/MidJourney
